Notez que je suis en train de déplacer des articles vers ma page sur le Libéralisme.
Cette page contient des articles que j'ai écrit sur le libéralisme. Veuillez lire cet avertissement.
Faré -- François-René Rideau -- Ðặng-Vũ Bân
À noter que j'ai aussi écrit en français une page sur le Libre Logiciel, et un Manifeste de la Libre Information, ainsi qu'un article "Du droit de porter les armes à la liberté individuelle d'organiser sa propre défense".
De plus, j'ai commencé une collection de textes classiques en-ligne sur le libéralisme, qui feront sans aucun doute une bien meilleure introduction au sujet que tout ce que pourrais avoir écrit. De la collection de textes est jailli le site Bastiat.org.
Je me suis donc décidé ce printemps 1998 à écrire une courte introduction au libéralisme, encore à venir.
Le libéralisme ne s'oppose pas au progrès social; bien au contraire. S'il s'oppose au socialisme, c'est en ce que ce dernier demande à l'État ce progrès. Le libéral sait bien qu'il ne ressort de l'État que ce que la société y met, diminué de tout ce que l'État consomme à son propre fonctionnement, que toute richesse créée par l'État aura été dépensée en impôt, augmentée du prix du pesant appareil étatique et de l'inefficacité naissant de l'absence de concurrence; le libéral sait qu'en enseignant aux citoyens de tout attendre de l'État, on aboutit qu'à les déresponsabiliser, et partant, à liquéfier la société entière; qu'en faisant reposer la "solidarité" sur l'État, on détruit la solidarité chez les citoyens. Pour le libéral, le progrès social est l'affaire et la responsabilité de chaque citoyen. L'État peut tout au plus et doit tout au moins garantir à chaque citoyen les moyens légaux de s'exprimer, par l'existence et la disponibilité d'infrastructures publiques (voies de communications, lieux de rencontre et d'échange, etc); mais cette garantie n'implique aucunement une gestion directe, loin de là, et bien au contraire; et il n'y a strictement aucune raison d'accorder des privilèges supplémentaires (ou de demander des sacrifices extraordinaires) à ceux qui rendraient des services à la société, hormis leur juste rémunération.
Pour faire que ce principe ne reste pas un vain mot, il me faut donc explorer quelques corollaires de idées libérales, prises dans leur contexte actuel
Le libéralisme n'est pas une théorie complète et suffisante de l'économie ou de quoi que ce soit. En fait, une telle théorie complète et suffisante serait par définition totalitaire, et le libéralisme s'oppose par définition au totalitarisme. Une fois assimilées les bases du libéralisme, reste donc à savoir comment l'adapter à notre monde, analyser les modalités d'applications des idées libérales.....
..... externalités: problèmes de pollution, de court terme contre long terme, et d'intérêt particulier contre intérêt général, d'action sur les générations futures, etc. Liens avec la fiscalité. Solution libérale: définir des droits de propriété sur les ressources, quand c'est possible. Oui, mais encore faut-il que cela soit possible, qu'il y ait la place dans l'espace-temps pour un marché permettant d'évaluer lesdites propriétés. [mais le marché, c'est-à-dire la synthèse des actions d'individus libres, n'est pas moins bien placé que l'État, c'est-à-dire l'action de quelques uns imposant leurs décisions à tous, pour prendre les décisions. -- au contraire, la libre concurrence est créatrice de l'information permettant la prise de décision, et les effets de réseau permettent de limiter les coûts de propagation de décision, tandis que le consensus politique nécessaire à l'action de l'État a un coût de décision et d'enforcement considérable, systématiquement passé sous silence par les interventionnistes.] Enfin, reste à déterminer comment effectuer la répartition initiale. [Pour cela, "whatever prevails prevails", en dehors du règlement judiciaire des atteintes avérées aux droits d'autrui.] .....
..... Problèmes liés à la responsabilité: responsabilité partagée, de dissolution de responsabilité, absence de responsabilité, etc. La propriété est un moyen d'assurer une certaine responsabilité; c'est le seul connu qui permette de trancher à coup sûr en cas de conflits d'intérêts ou d'opinion. L'éducation est un autre moyen, mais elle coûteuse, lente, mal maîtrisée, et les mécanismes d'action et de rétroaction associés sont mal connus. .....
À chaque fois, les problèmes arrivent quand la rétroaction est trop lente pour que des mécanismes "naturels" assurent l'équilibre. Reste alors des mécanismes "artificiels", conscients. Mais comment décider de solutions à ces problèmes? Comment les détecter? Comment les résoudre? Comment créer une autorité à même de s'en occuper, sans par le même coup ouvrir la boîte de Pandore et entrer dans l'engrenage de l'oppression?
Les bonnes théories doivent certes répondre à des questions; cependant les plus intéressantes sont non pas celles qui répondent à toutes les questions et prétendent résoudre tous les problèmes, mais celles qui permettent de reformuler les anciennes dans un cadre conceptuel plus approprié, et ouvrent du coup le champ à de nombreuses nouvelles questions. De ce point de vue, le libéralisme souscrit tout à fait à ce critère d'une excellente théorie......
Quelles que soient les théories élaborées pour déterminer ce qu'il faut faire, notons que l'acceptation des principes du libéralisme implique que ce n'est pas la force qui devra imposer ces théories a priori, mais le processus de libre décision des individus, dans le respect de la propriété d'autrui, qui fera émerger celles parmi ces théories qui correspondent à ce que les individus veulent vraiment, à ce qu'ils sont prêts à défendre activement, plutôt qu'à accepter passivement.
Du fait sans doute de la longue polarisation de la vie politique française autour du malsain clivage gauche/droite, le libéralisme longtemps été noyé en France dans une alliance tactique avec des parti conservateurs dominants. En fait, je n'ai moi-même appris à faire la différence que sur le tard, avec beaucoup de chance, et un peu de persévérance. Même ma mère, pourtant cultivée politiquement, n'arrive pas à dissocier complètement libéralisme et conservatisme. Cela ne l'empêche pas d'être horrifiée par les thèses libérales radicales que j'avance. Il est vrai qu'on peut trouver des convergences entre les deux, mais ces deux positions politiques n'en sont pas moins essentiellement opposées. Nous reviendrons plus tard sur les convergences; pour l'instant, parlons des divergences.
Il faut tout d'abord préciser qu'historiquement, le libéralisme s'est bel et bien affirmé contre le conservatisme. Le premier parti libéral fut celui des "Whigs" anglais. Au cours de la révolution anglaise au XVIIème siècle, puis de la révolution américaine au XVIIIème siècle, ceux que l'on vint à appeler Whigs s'opposèrent, violemment, par les armes, aux "Tories" conservateurs. Les Whigs défendaient les libertés civiles face au pouvoir des rois et des nobles; ils rejettaient les monopoles accordés par la couronne. Les Tories, eux, étaient du côté des princes et des privilèges; ils défendaient un "ordre établi", au seul nom qu'il leur paraissait "établi", c'est-à-dire au nom de la loi du plus (apparemment) fort. Mais à partir de la seconde moitié du XIXème siècle (et plus tôt encore en Angleterre), les partis libéraux ont compromis leurs principes et perdu leur identité en acceptant d'assumer un pouvoir qu'ils étaient censé combattre. Aussi, vers le début du vingtième siècle, les libéraux ont été éclipsés par la montée du socialisme, et que ce qui restait des partis libéraux s'est retrouvé allié à la droite conservatrice contre le communisme, à moins de se retrouver transformés en partis socialistes, dans le cas des partis anglo-saxons.
Il y a de nombreuses divergences idéologiques entre conservateurs et libéraux. Notons bien qu'il n'y a sur les positions en question pas de grande différence entre conservateurs et socialistes, et ce d'autant moins qu'à l'heure où les socialistes sont au pouvoir, il n'y a plus grand'chose à conserver qui ne soit pas tout autant conservé par les socialistes. D'où d'ailleurs la faillite des conservateurs. Pourtant, il faut bien avouer qu'à court d'idées, les conservateurs font des concessions "tactiques" aux libéraux, et leur empruntent occasionnellement quelques arguments, mais sans toutefois y croire plus que ça (en particulier, pas assez pour les appliquer de manière cohérente); du reste, les socialistes ne se gènent pas non plus pour faire les mêmes concessions au libéralisme en général. Sur le fond, il n'y a pas d'opposition de principe entre conservateurs et socialistes, juste une opposition toute Schmittienne entre partis ennemis; les uns comme les autres sont des dirigistes sans idées, se différenciant uniquement par leurs carnets d'adresses.
Les libéraux sont pour un État limité à l'enforcement des règles du droit et au contrôle de la gestion des ressources communes (et non pas à la gestion de ces ressources proprement dites). Leur attitude face à l'État est une méfiance de principe; ils souhaitent un pouvoir exécutif strictement limité et décentralisé, dont le chef éventuel ait une autorité purement morale. Les conservateurs, au contraire, sont pour un État "fort", dotés de "prérogatives" "nationales" qui ne soient pas limitées tant qu'utilisées "pour l'intérêt supérieur de la nation"; ils revendiquent une "raison d'État" que le libéralisme considère comme une violation extrême de la liberté individuelle. Ils vouent un culte au rôle de chef de l'État, pour lequel ils réclament des pouvoirs étendus.
Les libéraux nient en bloc tous les privilèges, toutes les subventions, etc, et ce d'autant plus qu'elles sont inégalitaires. La seule subvention envisageable serait une subvention "plate", égale pour tous, chômeurs comme millionaires, jeune ou vieux (confiée aux tuteurs des mineurs), homme ou femme, orthodoxosexuel ou hétérodoxosexuel, marié ou célibataire, national ou étranger, etc, etc. Seul critère admissible: la résidence (permanente) dans le pays ou non. La détention d'un bout de papier "national", s'il peut faciliter des demarches administratives, ne saurait en soi ouvrir un quelconque "droit". Pire même, le seul impôt proprement dit compatible avec l'égalité en droit étant un impôt plat, et l'impôt devant dépasser la subvention, la subvention n'a pas lieu d'être. (Ensuite, en dehors de l'impôt proprement dit, on peut vendre des services, récolter des dons volontaires, etc.) À l'opposé, les conservateurs défendent bec et ongles les "privilèges anciens" (version de droite des "droits acquis" de gauche) et autres protections nouvelles (version de droite des "avancées sociales" de gauche). Ils admettent au nom de la paix sociale (version de droite de la "justice sociale" de gauche) que les pauvres se nourrissent des riches, et que les riches trouvent des échappatoires fiscales, que les femmes aient moins de droits que les hommes (à moins qu'on ne leur en ait déjà reconnu autant voire plus), que l'État ait une "politique économique" censée promouvoir la prospérité de la Nation, une "politique familiale" dictant aux uns et aux autres leur conduite maritale et sexuelle, et une "éducation nationale" pour former les esprits dans un même moule; ils revendiquent que la "nationalité" confère des droits spéciaux.
Les libéraux sont attachés au droit individuel de se livrer ou non à l'avortement, à la contraception, à la consommation de substances psychédéliques, etc., comme à des libertés individuelles inaliénables, tant qu'elles ne mettent pas autrui en danger (en s'y prenant assez tôt, donc, pour l'avortement), même si par ailleurs ils peuvent détester ces activités comme hautement immorales. Les conservateurs nient arbitrairement certains de ces droits (selon les uns), au nom d'un "ordre moral" traditionnel. Plus généralement, les libéraux sont opposés à toutes les prohibitions proposées au nom de la morale; la morale est pour les libéraux une affaire purement privée: il n'y a aucune moralité à faire quoi que ce soit sous la menace d'une sanction de la force publique. Et quand bien même Dieu ne serait pas d'accord, chaque individu répondra personnellement de ses actes devant Lui, sans que nul homme n'ait l'autorité de se substituer à Lui. Les conservateurs, comme les socialistes et autres étatistes, prétendent faire répondre les individus de la moralité de leurs actes, non pas devant Dieu seul, mais devant un collège politique de censeurs se proclamant représentants de Dieu sur terre.
En matière de politique étrangère, les libéraux revendiquent une neutralité totale de l'État, et une liberté totale d'engagement (commercial, caritatif ou militaire) des particuliers (à titre strictement personnel, et en engageant leur responsabilité individuelle, évidemment), au nom de ce que l'État national n'a tout bonnement pas à se mêler de tout ça: chacun doit pouvoir agir à sa guise, et ne pas être forcé de participer, directement ou par le biais de la taxation, à une action pour ou contre de parfaits étrangers. Tout juste l'État doit-il assurer, si besoin est, par une force armée permanente pas plus grande qu'il n'est nécessaire, la sécurité des individus vis-à-vis d'éventuelles agressions (étrangères ou non), si elles sont probables. Par contre, les libéraux reconnaissent l'utilité des cours d'arbitrage internationales, et exigent que l'État prête son concours à l'application de leurs décisions, tant que ces cours et cet État restent chacun dans leur juridiction légitime. S'ils souhaitent l'amitié entre les peuples, les échanges culturels, et la prospérité partagée, ils savent que la liberté et l'initiative privée sont les meilleurs moyen de les promouvoir. Les conservateurs, tout au contraire, comme tous les étatistes, veulent que leur État fort soit "dominant" sur la scène internationale, et comptent sur lui pour promouvoir la "grandeur" et le "rayonnement" de la Nation; cependant, ils demandent au même État de repousser les étrangers qui, convaincus par leurs précédentes gesticulations, viendraient se presser aux frontières nationales. Pour établir la grandeur du pays, seules les contraintes budgétaires limitent à leurs yeux la taille de l'armée, les dépenses somptuaires d'apparat, les œuvres culturelles, etc. Pour eux, l'État doit composer des alliances internationales, fût-ce en soutenant activement les pires des régimes, au nom de l'intérêt national. L'État peut selon eux s'engager dans des actions commerciales protectionnistes offensives ou défensives. Ils prétendent n'avoir de compte de rendre à personne qu'à la "Nation" (prétexte qui leur permet d'omettre de prêter l'oreille à toute opinion individuelle dissidente), et doutent de la légitimité des cours internationales, qu'ils n'écoutent qu'à regret, et n'aident que s'ils y voient leur intérêt au cas par cas.
Enfin, les conservateurs insistent lourdement sur l'"indépendance" "nationale". Les libéraux à l'opposé n'ont que faire d'une telle abstraction qui n'est que prétexte à guerre et à oppression: Ils savent bien que les "libertés collectives" ne sont jamais que la dictature déguisée. Ils savent que l'autarcie forcée mène à la misère et l'échange volontaire à la prospérité, et qu'on est plus libre et indépendant par cette prospérité. Ce qu'ils demandent, c'est un respect absolu des libertés individuelles, c'est un état de Droit (the Rule of Law), quel que soit par ailleurs la couleur du drapeau national et le titre du chef de l'État si tant est qu'il faille l'un ou l'autre. Les libéraux ne croient pas particulièrement au concept de nation, mais affirment que chacun peut suivre ses propres traditions, locales ou étrangères (et ils ressentent en général ce droit individuel comme une obligation morale personnelle); ils exigent de chacun le respect des libertés et propriétés d'autrui dans l'exercice de ces traditions, et adhèrent au principe de subsidiarité pour déterminer les arbitres à d'éventuels conflits, principe qu'ils poussent jusqu'au niveau individuel.
On voit bien que libéralisme et conservatisme sont opposés en des points aussi nombreux qu'essentiels. La différence entre un libéral et un conservateur est que le libéral sait quelles valeurs il faut préserver et quelles valeurs il faut abolir, et pourquoi. Du reste, je ne saurais en parler sans évoquer l'excellent texte, disponible électroniquement, de F.A. Hayek: "Why I Am Not a Conservative" (VF) extrait de son livre "The Constitution of Liberty". (Pour une analyse idéologique de ce qui rapproche et sépare libéraux et conservateurs, voir aussi par exemple cet article de Rothbard.) Reste à expliquer quels facteurs font apparaître une corrélation entre conservatisme et libéralisme dans l'électorat de nombreux pays.
Premier facteur d'explication, la loi de Bayes: en supposant le libéralisme bénéfique, les pays qui conservent des mèmes anti-libéraux ont tendance à disparaître plus vite. Donc, les pays conservateurs qui durent ont tendance à avoir des mèmes libéraux, et les pays à mèmes libéraux qui durent ont tendance à être conservateurs. En fait, l'argument est générique: tout mème bénéfique sera au bout d'un certain temps corrélé avec un certain conservatisme. (Réciproquement, un mème conservé depuis longtemps doit avoir a priori de grandes chances d'être meilleur qu'un mème rival souvent rejeté.)
Deuxième facteur d'explication, qui est en fait le même au niveau individuel: les personnes les plus pauvres sont en général moins bien éduquées, moins pourvues en loisir pour réfléchir raisonnablement aux questions politiques, et plus facilement victimes de la démagogie socialiste qui se prétend être "de leur côté", tandis que les personnes plus riches, mieux éduquées, et ayant loisir de réfléchir, si elles peuvent mieux sentir la vérité de quelques thèses politiques correctes que ce soit, et pencher en leur faveur, ont aussi un intérêt particulier au conservatisme social.
C'est pourquoi quelles que soient les thèses politiques les plus justes (libérales ou pas), elles seront toujours positivement corrélées avec une certaine dose de conservatisme. Du reste, cela est heureux, puisque cela permet justement la survie de sociétés plus justes (d'où le premier facteur), au détriment des sociétés les plus iniques (si tant est que la justice ait quoi que ce soit à voir avec la fitness-to-survive des sociétés -- à ne pas confondre avec la fitness-to-survive du mème lui-même, qui pourrait être, tel le socialisme, un parasite destructeur des sociétés qu'il infecte).
Ces considérations invitent à relire ce que dit Hayek dans "Law, Legislation and Liberty" sur le rôle des traditions et d'un conservatisme juridique dans l'établissement d'un ordre social stable. Apparaît alors clairement le clivage entre le libéralisme, qui défend et conserve les libertés (ordre abstrait), et le conservatisme, qui défend et conserve les privilèges (ordre concret), tandis que le socialisme tend à vouloir remplacer un ordre concret par un autre, au mépris de tout ordre abstrait.
Bon, cet article est assez long, et je vais m'arrêter. J'espère avoir été assez clair. Tout cela pour dire que je ne vois pas beaucoup d'accord entre libéralisme et conservatisme, sauf de façon fort contingente: par exemple, pour lutter contre le socialisme, à une heure où il se sent fort de milliers de chars prêts à déferler sur l'Europe pour la "libérer"; et encore, même dans cet intérêt commun, que de désaccords quant aux buts et moyens!
Bref, que les conservateurs ne comptent pas sur ma voix. N'empêche, je dis ça, mais ils m'ont déjà eu une fois, en 1995, avec la complicité (mal récompensée, par ailleurs) d'Alain Madelin. On ne m'y reprendra plus!
Avec tout l'argent libéré par la fermeture de cet énorme halte-garderie moderne qu'est l'Éducation Nationale actuelle, je propose de permettre aux citoyens et parents à nouveau responsabilisés de construire eux-mêmes, individuellement ou librement assemblés, l'école qu'ils jugent la plus apte à faire de leurs enfants des personnes cultivées, capables et responsables.
Si la bonne éducation des futurs citoyens concerne tout le monde, et non pas les seuls parents; aussi, toutes les personnes qui se sentent concernées s'organiseront naturellement et volontairement pour préserver leur intérêt commun à la bonne éducation de tous. Toutefois, c'est bien les parents, les premiers concernés par le sort particulier de leurs enfants, qui doivent avoir la première part à leur charge; car ce sont eux, et non pas quiconque d'autre, qui, en procréant ou en adoptant un enfant, se sont engagés envers ces enfants. (voir cependant la proposition fiscale suivante).
Faillite d'un système d'éducation centralisé... voir Bastiat: baccalauréat et socialisme.....
Je propose, à la suite de nombreuses autres personnes, de simplifier considérablement le système fiscale des impôts et subventions, de la manière suivante: puisqu'il y a un semi-consensus sur l'aspect pratique et juste de l'impôt sur le revenu, que celui-ci reste l'unique impôt direct, et soit strictement proportionnel à l'ensemble de tous les revenus et de toutes les pertes (salaires, avantages en nature, intérêts, dividendes, plus-values, héritages, prêts et remboursements de dettes, gains et pertes aux jeux, "droits", etc), sans dégrèvement, plafond, ou taux progressif d'aucune sorte, sans exception inégalitaire, privilège inique. Le taux de l'impôt serait déterminé selon le budget de l'État. À titre de subvention, chaque citoyen, pauvre, aisé ou millionnaire, chômeur, travailleur ou retraité, enfant ou adulte, malade ou bien portant, sans-logis, locataire ou propriétaire, laïc ou religieux, homme ou femme, blanc ou noir, recevrait la même somme, qui correspondrait plus ou moins à l'actuel RMI. Pour les mineurs ou personnes sous tutelle, la somme serait versée au tuteur, sous couvert que ledit tuteur remplisse ses obligations vis-à-vis du mineur et de l'État. Pour personnes incarcérées, la somme serait versée à l'organisme responsable de leur incarcération, pour ses frais.
Les avantages d'un tel système sont énormes et multiples: tout d'abord, il permettrait, pour les mêmes rentrées fiscales, d'économiser tout le poids de l'appareil administratif nécessaire pour faire appliquer les réglementations extrêmement compliquées actuellement en place: services des impôts, services sociaux, secrétariats et administrations (et même inspection, selon la suggestion ci-dessous sur la réforme de la réglementation de l'information). Ensuite, l'effet bénéfique sur les citoyens serait non-négligeable; par delà l'économie de tracasseries administratives (grévant leurs activités productives ou relaxantes), les citoyens auraient de nombreux soucis en moins, et ne seraient pas incités à préférer par calcul être moins productif et se cantonner dans la misère pour bénéficier de subventions assurées; ils ne seraient pas incités à devenir calculateurs ou tricheurs envers le système, mais seraient responsabilisés; ils n'y aurait plus de diversion des capitaux vers des destinations artificiellement rentables, plus de fuite des capitaux "en trop", plus de manœuvres purement fiscales. Enfin, le taux de l'impôt serait pour les citoyens un indicateur direct et sûr du poids de la fiscalité sur leur budget, indicateur qui ne saurait manquer de les influencer positivement le jour du vote, pour élire des hommes politiques les plus efficaces, capables de faire plus pour un coût moindre.
De même, un taux unique pour l'impôt indirect (TVA), la fin des subventions professionnelles, géographiques, événementielles (catastrophes naturelles), et autres, cesserait de créer une injustice permanente entre les industries, et assainirait donc l'économie, rendant à chaque industrie son coût et son intérêt naturel. Si pour des raisons particulières, certaines pratiques sont à taxer, pour rembourser un coût collectif qu'elles font peser sur le public (coût médical et économique du tabagisme, pollution atmosphérique par la combustion de pétrole, etc), que la taxe levée soit mise en relation directe avec les dépenses effectuées dans le cadre des actions causées par la pratique taxée, plutôt que d'être mis dans la masse informe du régime général. Ainsi, l'internalisation de ce coût au prix des produits et services taxés, plus juste, permettra aussi un équilibre de ces produits et services vis-à-vis de la concurrence, et la responsabilisation du public vis-à-vis de ces coûts. Ce principe de relation directe de la taxe à la dépense correspondante devrait d'ailleurs être inscrit dans la constitution.
À la place, je propose d'en finir avec ce système d'État, et de passer à un système complètement privé, où chacun investit dans les fonds de son choix, pour obtenir les garanties de sa convenance. Chacun est ainsi responsabilisé. Bien sûr, il est concevable que la prise d'assurance soit obligatoire de par la loi, de même que l'assurance automobile est obligatoire pour tous les conducteurs. Une assurance par défaut peut être imposée aux citoyens qui refuseraient d'en contracter une, choisie au hasard parmi les polices existantes, au pro-rata des contrats librement contracté par les citoyens responsables.
[...] Faillite d'un système de protection sociale centralisé... voir Bastiat: cet extrait de "Des salaires".....
[...] Les citoyens auront ainsi tous les éléments pour juger équitablement de l'efficacité de leurs élus...
[...] Si toutes les données relatives aux revenus des citoyens sont publiques, on pourrait combattre efficacement la fraude fiscale tout en se passant des services d'inspection, des services privés pouvant se développer librement pour traquer les fraudeurs, moyennant un pourcentage des dommages et intérêts perçus. La publicité de ces données permettra aussi la négociation au plus juste des salaires et avantages de chacun, par une concurrence plus libre dans un marché mieux informé; cela diminuera donc les salaires injustement élevés, et élèvera les salaires injustement bas.
Une telle loi empêche l'existence du secret d'État, du secret militaire, etc. et c'est tant mieux. La soi-disant "raison d'État" n'est qu'un prétexte pour bafouer impunément les droits et les intérêts des citoyens au profit d'une classe dirigeante; si secrets militaires il doit y avoir, que ceux-ci soient le fait d'armées privées responsables de leurs actes devant les cours de justice, plutôt que celui d'une administration irresponsable.
Ce n'est pas l'anomie, absence de loi (nomos), au contraire; c'est bien le respect de la loi qui empêche les uns d'agir sur les autres par la contrainte et la tromperie.
Les libéraux sont pour l'anarchie et contre l'anomie, dans les sens précis du terme ci-dessus.
Dans une anarchie, chacun est tenu de respecter ses voisins, et un corps de lois sert à ce que chacun puisse connaître les limites de sa propriété et de celle des autres, et à punir les contrevenants. Gustave de Molinari a expliqué dans la onzième des "Soirées de la rue St Lazare" comment le respect de la loi pouvait être assuré sans pouvoir politique.
La loi du plus fort n'est certainement pas l'anarchie, puisque justement, le plus fort impose sa volonté aux autres; la loi du plus fort, c'est précisément le principe même du pouvoir politique. L'anarchie n'est pas un état "de nature", mais au contraire un état de civilisation très avancé, où les individus sont assez organisés pour régler leurs différends de façon juste, et combattre l'émergence continuelle de nouveaux potentats.
Notez qu'il y a des soi-disant anarchistes de tradition socialiste qui ont une vision tout autre de l'anarchie, et que c'est malheureusement eux que le grand public désigne trop souvent par l'épithète "anarchiste". De même que les idées libérales en général sont quasi censurées sur tous les mass-media.
Voir le sens du mot "État".
Que l'on veuille regarder l'histoire d'un point de vue "français" ou d'un point de vue universel, le nazisme n'est pas l'événement le plus marquant; son traitement par les média est démesuré par rapport à sa pertinence, relativement au traitement d'autres événements plus importants. Cela bénéficie à d'aucuns groupes d'activistes, qui prétendent hypocritement défendre le "bien" général, alors même qu'ils ne font que défendre leur cause particulière et étouffer toute réflexion sur le bien général, justement. Bien sûr, pas la peine de voir de complot dans l'affaire: les juifs sont certes historiquement bien introduits dans l'intelligentsia, et impulsent une direction générale qui correspond à leurs intérêts (ce qui en soi est fort honorable, tant que ce n'est pas accompagné comme chez certains de la certitude bienpensante d'être défenseur de l'humanité entière); mais la cause première qui rend cette impulsion prépondérante, c'est la paresse des journalistes: ils peuvent puiser à loisir dans les documents écrits et filmés décrivant les horreurs perpétrées par les nazis, qui ont été vaincus, et pour lesquels les témoignages frais de victimes délivrées des camps ont été recueillis. Les victimes des colonialistes n'ont jamais eu d'autre intelligentsia que celle mise en place ou cautionnée par lesdits colonialistes (i.e. sinon les complices, les survivants de la sanglante répression qui installa le pouvoir colonial); elles bénéficient donc d'un vague sentiment de sympathie, mais rien de plus. Les victimes du socialisme, elles, ont complètement disparu dans la nuit; les camps d'extermination par le travail n'ont jamais été libérés; les rares survivants des marches de la mort n'ont jamais été entendus; les très rares rescapés des camps n'ont été entendus que des décennies après, après avoir été assez remplumés pour ne plus inspirer l'horreur, après avoir été décrépis, censurés, broyés par le système, incapables de combattre, sans avoir eu l'occasion de devenir des pontes influents de quelque journal que ce soit. Bref l'extermination n'a pas eu à se faire à la va-vite, accélérée par l'urgence puis interrompue par la défaite; elle s'est faite à rythme de croisière, dans d'excellentes conditions (pour les bourreaux). Entre plaire à une minorité influente (dont ils font parfois partie) avec un travail facile et consensuel, et ne plaire à personne, au terme d'un travail ardu d'investigation, les journalistes (et leurs éditeurs) préfèrent donc participer de cette vaste entreprise de désinformation (c'est à dire de déformation fallacieuse de l'opinion) qu'est le rabâchage des crimes du nazisme.
Toutes les anti-valeurs brandies et rejetées violemment par les collectivistes sont un leurre destiné à faire oublier que ce sont ces mêmes collectivistes qui ont eux-mêmes perpétré toutes ces horreurs dont ils ne veulent pas qu'on discute. Le nazisme, le fascisme, sont des théories collectivistes. Le nazisme est un national-socialisme (d'ailleurs, tous les socialismes sont un tant soit peu nationaux). Marx était parmi les auteurs favoris aussi bien de Mussolini que de Hitler, et les bolchéviques avaient des relations d'admiration et d'inspiration mutuelle avec les nazis. Les anti-valeurs des collectivistes sont une diversion. La réalité est qu'ils sont dans la même tradition de pensée que les criminels qu'ils dénoncent, et que cette dénonciation sert à masquer cette triste réalité, en empêchant que l'on discute les idées des criminels et qu'on voie ainsi la coïncidence avec les leurs propres.
Tout capital est le fruit d'un travail passé. Tout travail qui ne mène pas à une jouissance immédiate constitue ipso facto une accumulation de capital. Le capital sert à faciliter le travail futur. Tout instrument de travail est un capital. Il n'y a donc pas d'opposition entre travail et capital, qui ne sont que deux aspects d'un même phénomène, l'activité humaine, vu à des moments différents.
Nier la propriété du capital, c'est donc nier la propriété des travailleurs sur leur propre travail. C'est aussi déclarer la guerre à cette accumulation de capital qui est à l'origine même des conditions de productivité et donc de survie et de bien être des travailleurs.
Pour une excellente introduction aux mécanismes de base du capitalisme, lire Formation et Distribution des Richesses de Turgot. Voir aussi le chapitre Capital des Harmonies Économiques de Bastiat.
Lire Justice et Fraternité de Frédéric Bastiat.
Lire aussi Que faire des gens riches? de Christian Michel.
Quand on ose critiquer le système politique d'un pays occidental, on se voit rétorquer, sur un ton aussi désabusé que suprêmement convaincu que "la démocratie reste le plus mauvais système, à l'exception de tous les autres" à moins de se voir asséner un autre poncif équivalent. Or, ceux qui sont tout fier de ressortir ce bon mot du conservateur Churchill sont incapables de comprendre ce qu'est "la" démocratie, et encore moins de voir la différence qu'il peut y avoir avec le système politique occidental incriminé. Rien ne me fait tant pitié qu'un tel slogan poussif, surtout quand la personne qui l'ânonne est par ailleurs intelligente; car cela dénote chez cette personne une défaillance de la raison, dont on remonte aisément la trace à ce culte religieux et superstitieux en cette "démocratie" dans lequel baignent actuellement les sociétés occidentales.
À force de répéter ce mot "démocratie" comme une mantra salvatrice, les occidentaux ont oublié tout le sens que pouvait avoir eu ce mot; la plupart du temps, le mot est employé de façon rituelle, et le sens éventuel ne joue pas de toute façon. Toutefois, il est parfois des moments où ils ont besoin d'aller plus loin, et, ayant tout oublié de l'histoire du mot, ils se voient obligés de regarder l'étymologie, qui est trompeuse. Littéralement, comme on l'enseigne à tous les élèves de France et de Navarre, le mot "démocratie" est un oxymore: il signifie "pouvoir du peuple", ce qui est une chose qui n'existe pas et ne qui peut pas exister. Même dans l'antique Athènes, où le mot fut inventé, le "peuple" directement au pouvoir n'était qu'une minorité aisée parmi la classe supérieure des "citoyens" (par opposition aux étrangers et aux esclaves); cette minorité avait des intérêts communs, et son ciment était dans la défense commune de la patrie, car la condition nécessaire et suffisante pour être citoyen était de posséder des armes et de se mettre au service de la cité lors des nombreuses guerres qui faisaient rage alors. Le mot "démocratie" ne signifiait donc pas du tout ce qui est sous-entendu dans la mythologie démocratique moderne. Et dans une démocratie "indirecte" comme il est impossible de ne pas en avoir dans un pays aussi grand que la France, revêtir des élus d'un pouvoir arbitraire au nom du peuple, c'est encore moins donner le pouvoir au peuple, c'est juste lui demander à quelle sauce il veut être mangé. Plus encore, l'identification du résultat des urnes avec une volonté, la personnification d'une entité collective appelée "peuple", est fallacieuse, car en aucun cas ce résultat n'a la cohérence, les buts, ou les mécanismes de pensée qui caractérisent une volonté.
Avant de dire qu'une société est démocratique ou pas, encore faut-il savoir ce que l'on entend par "démocratique", et en quoi une telle démocratie est "bonne" si tant est qu'elle l'est. Comme dit l'autre, "L'État fait incontestablement des conneries"; et non seulement il en fait, mais il ne peut pas ne pas en faire. C'est pourquoi le rôle utile primitif (et l'unique rôle utile d'ailleurs) des institutions démocratiques a toujours été de limiter et de contrôler l'État; ainsi le fameux principe "pas de taxation sans représentation" cher aux démocraties anglo-saxonnes. Malheureusement, le Rousseauisme et le socialisme ont renversé ce rôle pour faire des instances démocratiques des instruments d'oppression accrue de la sphère privée plutôt que de préservation de ses libertés.
Pour ce qui est du contrôle de l'État, comme contre-pouvoir, comme moyen de censure, la démocratie peut se justifier, parce qu'elle prend en compte le point de vue de tous, et évite ou punit donc des iniquités (mais pas les iniquités) quelle qu'en soit la victime, pourvu qu'elle puisse faire entendre sa voix; enfin, la sanction de la majorité contribue à empêcher les sanglantes et coûteuses révolutions, puisque le régime aura à tout moment l'assentiment d'une majorité de citoyens. Mais pour ce qui est d'une démocratie comme pouvoir actif plutôt que comme contre-pouvoir, la raison s'y oppose. Tout d'abord, et même en supposant que l'homogénéité des structures sociales empêche une majorité électorale d'exploiter systématiquement la minorité, cela demande que les citoyens consultés non seulement soient libres de choisir, mais aussi libres de s'informer, et aussi responsabilisés pour le faire (voir section 15b, point #5 dans l'Anarchism Theory FAQ du professeur B. Caplan). Bref, la démocratie ne peut marcher que si elle cultive les valeurs libérales, valeurs qui se passent avantageusement de démocratie. Aussi, la république française, tout en reposant en partie sur de telles valeurs libérales, a tendance à infantiliser les citoyens, en les dépouillant pour les "protéger" de leurs libertés et des responsabilités associées, en multipliant les secrets (d'État, administratif, industriel, professionnel, médical, bancaire, etc), brevets, droits d'auteurs, et autre, empêchant les citoyens de s'informer ou d'utiliser l'information à leur disposition. Pire encore, en contrôlant l'éducation, en réglementant l'audio-visuel, en subventionnant sélectivement les journaux, les églises, les associations, les hommes et les lobbies détenant le Pouvoir politique peuvent très largement influencer la population en leur faveur. Cela fait le beau jeu des dirigistes, corporatistes, socialistes et autres parasites qui sucent le sang d'une société qui ne sait plus que répéter le mot "démocratie" en ayant complètement perdu le sens de ce qu'il pouvait dire. Au bout du compte les citoyens vont aux urnes comme d'autres à la messe, en espérant que ce rituel magique attirera sur eux la bienveillance de dieux impénétrables. Or, dans un cas comme dans l'autre, c'est un renversement de cause à effet. Le vote n'apporte pas plus la liberté au citoyen que la prière n'apporte la salvation au pécheur; la responsabilité est renversée, car c'est au contraire le citoyen par sa vigilance et le croyant par sa piété qui donnent leur force au vote et à la prière, eux-mêmes simples outils parmi tant d'autres pour atteindre un bien supérieur.
Cependant, il est possible d'aller plus loin dans l'analyse et la reconstruction du phénomène démocratique. Il n'est pas besoin de reconnaître le moindre caractère sacré, légal ou institutionnel à la démocratie pour que la "volonté de la majorité" s'affirme quand elle prend des décisions légitimes, tandis que l'absence de respect dogmatique de la démocratie empêchera la volonté majoritaire de s'affirmer quand elle prend des décisions illégitimes. En effet, pour toutes les points d'opinion où il est utile ou nécessaire que tout le monde fasse de même, point besoin de forcer quiconque: le fait même qu'une majorité se dégage incitera les membres de la minorité à rejoindre la majorité, par effet réseau; c'est ainsi que si dans un système de routes privées, chaque propriétaire de route pouvait choisir la circulation à droite ou à gauche, cela n'empêcherait pas l'unanimité de fait de se faire, avec l'assentiment de la majorité, sur la voie de circulation. De même se fait le choix de protocoles sur Internet: tout le monde fait comme tout le monde, et si une majorité se trouvait d'accord sur un protocole, le reste du monde suivrait. En contrepartie, en l'absence de coercition légale de la majorité sur la minorité, il sera impossible à la majorité d'enforcer des décisions illégitimes qui lèseraient la minorité. D'aucuns donc, comme je crois Gustave de Molinari, affirmerons que dans un régime de liberté, la majorité a une autorité naturelle, qui est juste, et que toute autorité artificielle qu'on lui confèrerait en sus par la force serait injuste et destructrice de liberté.
En fait, ce que les occidentaux aiment dans leur "démocratie", c'est le respect des droits individuels - le libéralisme - qui règne relativement dans les états occidentaux. Toutes les tentatives d'instaurer la "démocratie", régime politique, dans des pays sans respect des droits individuels, ne mène qu'à l'élection de nouveaux maîtres et oppresseurs. Or, ce dont les pays pauvres ont besoin, c'est de liberté, pas de nouveaux oppresseurs.
On ne peut pas nier l'existence du droit naturel, sauf à prétendre que toutes les règles se valent quant à permettre la coopération, y compris des règles aussi absurdes que "nul ne marchera qu'à cloche-pied" et "deux individus ne pourront pas parler entre eux sans avoir préalablement tué un troisième ensemble". On ne peut pas nier sa pertinence, sauf à prétendre que la coopération entre individus n'est pas pertinente, ce qui revient à nier et la nature sociale de l'homme, et tous les progrès de la civilisation, fruit de la coopération sociale. (Cette dernière attitude nihiliste est certes possible, mais auto-destructrice, et donc non pertinente sur le long terme; d'ailleurs même les nihilistes affichés se comportent selon leur propre intérêt, et survivent non pas en autarcie, mais par la coopération sociale avec d'autres individus.)
Autrement dit, le droit naturel consiste en l'étude rationnelle des règles de conduite. Nier la validité du droit naturel, c'est nier que la raison ait rien à dire quant à l'organisation sociale - c'est proclamer la loi totalitaire du plus fort comme unique source valable de toute norme sociale. Cette négation est du reste la prémisse du pouvoir politique législatif absolu qui règne dans les sociétés occidentales actuelles.
Reste à établir les règles que contient ce droit naturel, et si ces règles suffisent ou non à fonder l'ensemble du droit, ou s'il est besoin de règles supplémentaires. Dans le dernier cas, il reste à établir si le droit naturel offre des normes quant aux moyens de déterminer ces règles supplémentaires. La tradition libérale offre des réponses à ces questions.
Or, le pouvoir politique, en démocratie comme dans tout régime, nuit gravement à l'éducation des citoyens, par de multiples facteurs conjoints. D'une part, la prise de décisions collectives déresponsabilise d'autant les citoyens, dont la voix ne compte que de manière infinitésimale, quand elle compte, et donc désincite à l'éducation civique. D'autre part, le pouvoir politique offre à toute une classe de parasites l'occasion de décréter et de contrôler une éducation nationale, dans laquelle l'initiative individuelle est sinon exclue, du moins reléguée à des questions secondaires; la nation entière est alors coulée au même moule, sans que la concurrence entre les méthodes ne fasse émerger la valeur des meilleures, sans qu'un référentiel puisse permettre de juger la politique unique aux aléas politiciens desquels tous sont soumis. L'école publique devient machine de propagande où les enfants, non seulement n'acquièrent pas de compétence professionnelle, mais encore subissent un lavage de cerveau conforme aux intérêts des groupes de pression se partageant le pouvoir politique et scolaire.
Lire à ce sujet Baccalauréat et Socialisme de Frédéric Bastiat.
En effet, dans une société, chacun ne dispose que d'une toute petite partie de l'information; même en centralisant l'information, une fraction de l'information utile serait utilisable par le dictateur; sans parler de l'incapacité d'une personne à faire usage effectif d'une masse collossale d'information. Pour permettre l'usage optimal de toute cette information, force est de décentraliser les décisions, chacun étant le mieux à même de prendre les décisions qui le concernent. Reste à établir des règles pour résoudre les conflits éventuels entre décisions privées; ces règles sont le Droit.
La Liberté n'est pas affaire de Fait, c'est une affaire de Droit. Les socialistes et autres dirigistes peuvent prétendre défendre l'égalité ou la prospérité; nous l'admettons volontiers même si nous les croyons fourvoyés. Ils ne peuvent pas prétendre défendre la Liberté.
"Suppression des sociétés anonymes industrielles et financières. Suppression de toute espèce de spéculation, des banques et des bourses. Réorganisation de la production sur une base coopérative et participation des travailleurs aux bénéfices. La terre appartient aux paysans et sera exploitée en association. Gestion des industries,des transports et des services publics confiée aux syndicats des techniciens et de travailleurs." (Programme adopté par l'Assemblée constitutive des Faisceaux, réunie à Milan le 23 mars 1919)
Les fascistes reprennent la conception marxiste de l'histoire, et la vision communiste de l'État:
"Le fascisme est une conception historique dans laquelle l'Homme n'est ce qu'il est qu'en fonction d'un processus spirituel auquel il concourt, dans le groupe familial et social, dans la nation et dans l'Histoire. Hors de l'Histoire, l'Homme n'est rien, c'est pourquoi le fascisme est hostile à toutes les abstractions individualistes, à base matérialiste, du type XVIIIème siècle. Il ne croit pas possible le "bonheur sur Terre", comme il se trouve dans la littérature économique du XVIIIème siècle.Le fascisme est hostile au libéralisme classique, qui nacquit d'un besoin de lutter contre l'absolutisme et a épuisé sa fonction historique dès lors que l'État s'est transformé dans la conscience et la volonté populaires. Le fascisme réaffirme l'État comme la réalité véritable de l'individu... Il est pour la seule liberté qui puisse être une chose sérieuse, la liberté de l'État et de l'individu dans l'État. Pour le fasciste, tout est dans l'État et rien d'humain et de spirituel n'existe... hors de l'État. Dans ce sens, la fascisme est totalitaire." (Extrait de l'article "fascisme" dans l'Encyclopédie Italienne en 1932)
Le fondateur du fascisme, Mussolini, est né d'un père forgeron et révolutionnaire et d'une mère institutrice et pieuse. Son activité d'agitateur socialiste lui vaut d'etre expulsé de Suisse en 1904. À cette époque, son auteur préféré est Marx, dont il porte le portrait en collier autour de son cou. Membre de l'aile extrémiste du Parti socialiste italien, il est rédacteur, puis directeur en 1914 du quotidien du Parti, l'"Avanti!". Il démissionne du Parti socialiste et de l'Avanti en 1914 car le PS est opposé à l'intervention italienne dans la guerre tandis que lui y est favorable. Caporal durant la guerre, il fonde en 1919 les "faisceaux de combat" autour d'un programme anti-libéral et anti-bourgeois.
Le libéralisme n'a rien a priori contre les monopoles de fait. Dans un régime de liberté, de tels monopoles dénotent l'excellence d'un producteur, et rien d'autre. Par contre, il a tout contre les monopoles de droit, et les privilèges corporatistes, qui nuisent gravement aux consommateurs. Or, dans les régimes semi-dirigistes d'aujourd'hui, il se trouve que bien souvent les monopoles de fait observés ne sont en fait que des monopoles de droit qui cachent leur nom, sous le couvert de contrats publics, de la propriété intellectuelle ou industrielle, de réglementation excluant la concurrence, ou d'autres privilèges plus ou moins subtils conférés par l'État.
C'est ainsi que la position libérale vis-à-vis des lois anti-trust est opposée à la position socialiste: les socialistes prétendent que l'action gouvernementale est nécessaire pour corriger les erreurs du marché; les libéraux affirment que l'action judiciaire est nécessaire pour corriger les erreurs du gouvernement. Quand on reproche à une entreprise comme Microsoft d'être un infâme monopole qui nuit au consommateur, ce qui est on ne peut plus vrai, on omet souvent de dire que la racine du mal est le monopole de droit accordé par l'État sur tous les services liés aux logiciels produit par ladite entreprise; chaque éditeur de logiciel propriétaire a un tel monopole, et comme les utilisateurs veulent l'interopérabilité, il ne peut de toute façon, dans la logique de logiciel exclusif, qu'y avoir la victoire d'un monopole sur d'autres. Dans de telles situations, les libéraux ne nient pas que le gouvernement doive prendre une action pour réparer l'injustice commise, mais aussi et avant tout pour la faire cesser. Or, réparer une injustice, cela veut dire dédommager les victimes, mais dans tout monopole protectionniste, les victimes sont très nombreuses, et les dommages relativement petits et difficiles à évaluer, d'où une première difficulté, que les gouvernements évacuent en omettant complètement de réparer l'injustice dans leurs actions anti-trust, ce qui est un véritable scandale. Ensuite, deuxième scandale, en répondant aux trusts par des interdictions et des réorganisations financières des entreprises concernées, les gouvernements ne font pas cesser l'injustice; la cause du mal, le protectionnisme, est toujours là; et les consommateurs continuent de souffrir, insidieusement, même si le mal n'est plus aussi visible qu'à l'époque précédant la dissolution du trust; bref, loin de faire cesser l'injustice, d'abolir la protection, les décisions anti-trust actuelles ne font que perpétuer l'injustice, en sauvant les apparences.
En fait, les seuls qui se soient jamais explicitement appelés néolibéraux étaient les "new liberals" - Keynes et d'autres sociaux démocrates à sa suite, qui rejetaient explicitement les principes du libéralisme classique, mais se réclamaient du "Liberal Party" anglo-saxon et de ses versions d'outre-mer. D'où la dérive du terme "liberal" qui dans les pays anglo-saxons et particulièrement aux États-Unis, se rapporte à l'idéologie sociale-démocrate franchement étatiste de ces partis. Et nul depuis les années 1930 n'a même utilisé le terme "new liberal" pour désigner ceux qui de nos jours sont seulement des "liberals".
Ainsi, il n'y a nulle part dans le monde quiconque pour se réclamer d'un quelconque "néolibéralisme". Les socialistes, ayant peur d'argumenter avec les libéraux sur le fond, préfèrent tenter de les discréter sans leur donner la possibilité de s'exprimer, en préfixant le nom de "libéral" du préfixe dérisoire "néo". Ils targuent d'ailleurs de ce sobriquet aussi bien les libéraux qu'ils veulent faire taire que tous les phénomènes issus du protectionnisme, du mercantilisme et de l'interventionnisme des États, promouvant ainsi une confusion qui empêche tout débat sur le fond. Utiliser le mot "néolibéral" est un signe d'une extrême bassesse intellectuelle ou morale de la part de la personne qui le profère.
Lire "Néolibéral, libertaire ou libertarien?" par Martin Masse, paru dans le Québécois Libre nº 97.
Voir aussi le terme "ultra-libéral".
Mais parmi ces anciens égarés, j'en ai trop souvent rencontré qui sont relapses, et qui loin de s'être élevé par l'aveu de leur ancienne erreur, ont gardé l'arrogance des donneurs de leçon, et ont remplacé leur foi abjecte dans un absolu criminel par une foi non moins abjecte dans un relativisme de bas étage. Pour pouvoir se regarder dans une glace et supporter leur infâmie avouée, ces misérables se sont convaincus que s'ils n'avaient pas trouvé le bon idéal c'était qu'il n'y en avait pas, que toutes les idéologies se valent, que de leur engagement il ne faut retenir que les bons sentiments qui les motivaient, que leur erreur se trouve enclose entièrement dans la naïveté d'avoir de l'espoir en des idéaux quelqu'ils soient, que quels que soient les idéaux qu'ils auraient choisis le même piège les attendait. Aussi, ces relapses du gauchisme ressentent comme une insulte personnelle qu'une personne puisse avoir des idéaux justes, quand au même âge ils se vautraient dans la fange, voire pire encore, que ces idéaux justes n'aient pas cessé d'être défendus du temps où ils avançaient leur idéologie criminelle, mais que bien loin de savoir les reconnaître, ils les ont eux-mêmes conspués et attaqués en refusant de les connaître, de peur de les comprendre. L'idée qu'il pusse exister une idéologie correcte, des principes moraux élevés et néanmoins valables, les met face à la bassesse de leur esprit et de leur âme. Tout jeune idéaliste doit pour eux être considéré avec un mépris condescendant dû à leur jeunesse naïve, ce mépris étant bienveillant si la personne répète leur erreur de jeunesse, hautement pardonnable à leurs yeux, et malveillant si la personne ose prendre une position opposée, forcément inspirée par des sentiments contraires aux leurs donc mauvais à leurs yeux. Une personne plus vieille persistant dans un idéal plutôt que d'être blasée comme eux se doit d'être traitée comme un vieux fou stupide et naïf, ou un dangereux criminel. Qu'une personne intelligente, saine d'esprit et honnête puisse tenir haut et fort des idéaux justes, les argumenter, agir en conséquence, et répandre le bien, leur est proprement insupportable. Ils n'ont de cesse de traîner une telle personne dans la boue, car elle leur est un reproche permanent, qui rappelle au monde leur ignominie, la bêtise de leur jeunesse, mais aussi la lâcheté intellectuelle et la faiblesse morale dans laquelle ils se vautrent encore aujourd'hui. Pour ces répouvrés de la raison, il n'est pas de répit: ils épouseront de nombreuses causes pour se sentir les héros d'un monde qu'ils croient savoir au fond absurde; mais en même temps, ils fermeront leur esprit à toute compréhension des causes qu'ils défendent ou combattent; intelligents, ils feront néanmoins tous les efforts du monde pour fermer leur esprit, pour projeter sur tout contradicteur des motifs tous faits qui leur éviteront de réfléchir, des motifs supposés qui entâcheront à leurs yeux ce contradicteur d'un noir au moins égal à celui que chacun de ces damnés a reconnu en lui-même. Bref, ces damnés, car s'en sont, pour ne pas avoir à reconnaître des fautes passées, s'enferment dans un enfer bien présent, et veulent y plonger les autres.
Comme quoi, dans la prise de pouvoir communiste, tout est mensonge, du début à la fin!
Röhm est le véritable fondateur du parti national socialiste; il a été trahi et assassiné par Hitler, lors de la "nuit des longs couteaux". Selon les röhmistes, Hitler a détourné le parti de sa vraie mission. Tout le "crédit" de la révolution nationale socialiste, tous ses succès et résultats positifs réels ou imaginaires sont à attribuer à Röhm; tous les crimes, toutes les défaites, sont à mettre sur le dos de Hitler. Entre eux, les Röhmistes reprochent plutôt à Hitler son insuccès à réaliser leur utopie que ses méthodes. Quand d'aucuns non-nazis reprochent à Röhm sa complicité dans les crimes commis contre les "contre-révolutionnaires", les ennemis de classe ou de race, il est de bon ton parmi les Röhmistes de prétendre que les quelques crimes attribuables à Röhm étaient rendus "nécessaires" par l'époque, et de détourner la conversation en disant que c'est Hitler qui a le plus massacré. (Effectivement, l'absence d'occasion a pour Röhm mort fait l'absence de larron.) Cependant, entre röhmistes, ce qu'on reproche à Hitler c'est non pas d'avoir tué (sauf concernant Röhm et les röhmistes), mais bien plutôt d'avoir laissé des survivants parmi ceux que les nationaux socialistes avaient désignés comme ennemis.
Un mouvement analogue au röhmisme est le trotskysme. La différence essentielle entre les röhmistes et les trostskystes est que les premiers sont censurés et pourchassés, leurs organisations proscrites, tandis que les seconds ont pignon sur rue, occupent des fonctions importantes dans tout l'appareil de l'État français (et tout particulièrement l'éducation nationale), et que leurs organisations reçoivent des subsides de l'État sur le dos du contribuable. Cette différence s'explique parce que Röhm n'a jamais eu l'occasion de commettre beaucoup de crimes et est néanmoins réprouvé, tandis que Trotsky est directement responsable de la mort de millions d'innocents et s'en est tiré à bon compte, d'où la grande admiration qu'il suscite chez les socialistes.
Les socialistes, ayant peur d'argumenter avec les libéraux sur le fond, préfèrent tenter de les discréter sans leur donner la possibilité de s'exprimer, en préfixant le nom de "libéral" du préfixe repoussoir "ultra". Utiliser le mot "ultralibéral" est un signe d'une extrême bassesse intellectuelle ou morale de la part de la personne qui le profère.
Voir aussi "néo-libéral".
Pour moi, ce sont deux points de vue sur la même chose, une fois abandonnées les illusions relavistes et absolutistes. Autant la notion de principe absolu est impertinente, car l'homme sera à jamais incapable d'accéder à un quelconque absolu, et de le prendre comme guide direct, autant la notion d'agir selon des principes a priori est pertinente, car les structures mentales de l'homme sont une ressource limitée, et que des principes synthétiques permettent de condenser dans l'espace et le temps les ressources nécessaires à prendre une décision utile. Bref, il n'y a pas de contradiction entre l'absence de principe absolu et l'utilité de principes relatifs à l'application subjective; l'existence de ces derniers principes est consubtantielle à la pensée rationnelle, et tout Utilitariste doit pouvoir prendre en compte le rôle de tels principes parmi les causes et effets des actions humaines, tandis que tout moraliste doit reconnaître le caractère subjectif de toute prise en compte de tels principes dans les actions humaines.
Un logicien vous dira bien qu'une "même" théorie logique peut avoir plusieurs présentations, et que selon la présentation, telle affirmation sera un axiome, ou ne sera "que" un théorème; pour être une "même" théorie, peu importe quels sont les axiomes de départ, seul importe l'ensemble des théorèmes à l'arrivée. Que les "principes" a priori de respect de la Liberté (et donc de la propriété) et d'enforcement de la Justice soient considéré comme des théorèmes par les utilitaristes et comme des axiomes par les jusnaturalistes, ne change rien en soi au sens des propos des uns et des autres, c'est juste un changement de point de vue sur les mêmes phénomènes.
Voici une façon de considérer le lien entre utilitarisme et jusnaturalisme: étant donné qu'on ne peut agir en fonction d'une notion d'utilité qu'à mesure que cette notion est connaissable, et sachant que chaque être humain ne connait qu'une petite portion d'information permettant de maximiser la fonction d'Utilité, un comportement utilitariste ne peut espérer maximiser ladite fonction que via des règles de conduites générales propres à maximiser statistiquement toute fonction d'utilité raisonnable à partir d'une connaissance partielle; ces règles générales peuvent de manière équivalente être considérées comme l'expression de principes moraux a priori.
Voter avec sa voix, c'est prétendre imposer aux autres son opinion, ou du moins peser de sa voix sur une décision qui une fois prise, sera imposée à tous, bon gré, mal gré, la "minorité" étant toujours ainsi opprimée en quelque mesure par une "majorité" qui souvent ne soutient que mollement des décisions vraiment prises "en haut lieu". Voter avec ses actes, c'est décider pour soi, et s'engager dans la voie ce que l'on préfère, sans engager les autres, après avoir écouté toutes les voix amies, à titre de conseil uniquement, et non pas à titre d'autorités. Entre ces deux procédés, les différences sont énormes, les oppositions complètes. Dans un cas, nul n'est responsable; la décision est collective; la responsabilité est diluée; nul n'a de réel pouvoir, nul ne se sent vraiment concerné par une erreur; et l'expérience due aux erreurs est très indirecte. Dans le second, chacun est et reste responsable de ses actes, chacun ressent directement les effets de ses actes, nul n'empiète sur le territoire des autres, nul n'est lésé dans ses entreprises.
Pour commencer, examinons comment la philosophie de la liberté sont systématiquement déformées par ses ennemis, qui sont incapables de débattre idée à idée, et préfèrent combattre des hommes de paille.
Le libéralisme est une tradition de pensée développée autour des idées de liberté et de responsabilité, et qui aboutit à une théorie de l'éthique et du droit. Cette tradition a certes des interactions très fortes avec l'économie politique (qui est l'analyse de la politique et du droit du point de vue économique), et certains libéraux se sont essayés au constitutionalisme (qui est la tentative de contenir le politique dans des limites institutionnelles). Mais le cœur du libéralisme n'est ni économique ni politique, et ceux qui perpétuent le mythe d'une dichotomie du libéralisme sont des ignorants qui n'ont rien compris au libéralisme, et souvent refusent de le comprendre. Le libéralisme est fondée sur des principes de droits, comme le principe de non-agression (à ne pas confondre avec la non-violence), la notion de propriété (sphère délimitant simultanément la liberté et la responsabilité de chacun), la justice rétributive (réparation des atteintes à la propriété d'autrui), etc.
J'ai vu d'aucuns pseudo-philosophes qui n'ont jamais pris la peine d'ouvrir un livre écrit par un philosophe libéral reprocher au libéralisme de promouvoir la liberté comme un but "en soi". Une telle affirmation montre une ignorance à la fois du libéralisme et de l'épistémologie... [...] épistémologie libérale: cf. Mises, Ayn Rand, Rothbard, Hoppe, Guillaumat... [...] Points de vue utilitariste et jusnaturaliste... [...] point de vue harmoniste... [...] Les théories existent à reformulation près... (Cf. Russell, Popper, Ruyer.)...
C'est au contraire le socialisme qui est matérialiste, et qui, projetant sa grille de lecture sur le libéralisme, aboutit à des absurdités. Le socialisme ne voit du libéralisme que la richesse concrète qu'il produit effectivement, et non pas les principes abstraits sur lesquels il repose. Il propose comme solution à tout problème humain de prendre de l'argent aux uns en prétendant qu'il ne fait pas le bonheur de toute façon, et de l'utiliser pour aider les autres en prétendant que par la magie de la politique il fait soudain le bonheur. Quelle bêtise! Non, l'argent ne fait pas le bonheur; c'est la liberté et la responsabilité qui, en permettant l'épanouissement, apportent le bonheur. Et les socialistes nient précisément cette liberté et cette responsabilité au nom de leur matérialisme.
Le libéralisme ne s'attache pas à la nature des choses "en soi", matière ou esprit, mais à leurs structures et leurs interrelations. L'"en soi", qu'il soit matérialiste ou spiritualiste, suppose un monde statique sur lequel serait possible une connaissance absolue. (Et ce n'est pas le moindre paradoxe quand le concept est avancé par des relativistes!) La cybernétique au contraire reconnaît que notre connaissance du monde ne peut être que le fruit de nos interactions dynamiques avec lui; or ces interactions ne permettent pas d'accéder à une nature des choses "en soi", et tous les modèles valides du monde sont isomorphes, quels que soient les concepts "primitifs" employés. Pour un libéral, c'est donc la dualité même matière/esprit qui est fausse.
Ainsi le libéralisme constate les aspirations matérielles de l'homme aussi bien ses aspirations spirituelles, et ne prend pas parti, ni d'ailleurs ne tente d'établir de distingo. Il ne vise pas à réformer la nature humaine, mais à établir une société juste, permettant l'épanouissement de l'homme, étant donné sa nature. La meilleure façon de satisfaire les aspirations des hommes est de les laisser s'exprimer librement à l'intérieur de la propriété de chacun et dans le respect de la propriété des autres. Empêcher ces besoins et aspirations de s'exprimer, c'est se condamner à ne même pas les connaître, et à ne pas pouvoir rendre les hommes heureux, même "malgré eux". Permettre ou ordonner le mépris de la propriété d'autrui, c'est rendre la société conflictuelle, et encourager les hommes à se rendre mutuellement malheureux.
Il est remarquable que les tenants du socialisme, idéologie matérialiste s'il en est, qui prétend résoudre tous les problèmes par une dépense d'argent de la part de l'État, reprochent aux libéraux d'être matérialistes, alors que ces derniers ne le sont aucunement!
L'existence du marché noir, en dehors de l'État, voire contre l'État, quand celui-ci réprime la contrebande par des peines très lourdes, prouve que le marché se développe même sans État. Historiquement, du temps où l'État n'était qu'une bande de brigands ayant conquis le pays, et levait un impôt sans autre contrepartie que de laisser la vie temporairement sauve aux victimes de son racket, les échanges domestiques et internationaux existaient déjà, malgré l'État.
Cela dit, les théories libérales quant au "marché" et à l'"État" sont assez précises, tandis que les slogans ânonnés par les ennemis de la liberté confondent allègrement les multiples sens de ces mots. Une discussion plus poussée nécessiterait d'éclaircir dans lequels de ses multiples sens on emploie chacun de ces mots. En tout cas, les libéraux ne sont pas "pour le marché", mais pour la liberté, y compris celle d'échanger entre adultes consentants. Ils ne sont pas "contre l'État", mais contre le pouvoir politique, et pour la défense des droits individuels, y compris par la force organisée.
Le libéralisme ne nie pas la nécessité d'une police, d'un système judiciaire, d'une armée de défense. Pour assurer ces services, les libéraux reconnaissent la légitimité pour les citoyens de s'organiser, de fonder des institutions. Pour autant, ces institutions légitimes sont très différentes de ce que les étatistes entendent par "État".
Il faut distinguer deux choses fort différentes, qui sont parfois désignées sous le même mot "État": l'usage de la force, et le monopole de la force. Les libéraux reconnaissent la légitimité de l'usage de force par les individus comme outil de légitime défense ou de rétaliation envers des agresseurs en vue d'obtenir que justice soit faite. Ce à quoi les libéraux nient tout légitimité, c'est à la notion que cette force dusse être le monopole d'une seule institution. Ce monopole lui-même est une violence d'agression envers tous ceux qui préféreraient une institution différente, et toutes les mesures politiques qu'il impose à ses "protégés" ne sont autre chose que du racket. Les libéraux revendiquent le droit des individus à disposer d'eux-mêmes, y compris pour choisir chacun à quel gouvernement confier ou ne pas confier sa sécurité, ou pour faire sécession personnelle et en former un nouveau.
Il y a toujours marché, c'est à dire ensemble d'opportunités d'échanges. Les libéraux n'ont donc pas besoin d'exiger l'existence d'un marché. La question est de savoir si ce marché sera libre ou s'il sera entravé, si les individus seront libres et responsables ou s'il seront opprimés et déresponsabilisés, s'ils seront propriétaires du fruit de leur travail ou s'ils en seront dépossédés par des prédateurs et autres parasites. (On pourrait de même dire qu'il y a toujours gouvernement, c'est-à-dire organisation de la force publique, et que la question est de savoir si ce gouvernement sera un État monopoleur, ou au contraire l'expression de la libre volonté de chaque individu.)
Les libéraux exigent la liberté. Toute la liberté. L'échange économique est pour eux un pan de cette liberté comme un autre; ce sont les socialistes qui prétendent faire de l'échange une action spéciale, détâchée du reste de l'action humaine. Or, pour toute satisfaction, l'échange n'est qu'un moyen parmi d'autre en concurrence avec le fait de se rendre service à soi-même. Faut-il interdire, réprimer, fustiger ceux qui se rendraient service sans en passer par l'assentiment des autres ou de l'État? Faut-il proscrire ceux qui s'échangeraient des services de gré à gré sans en passer par la monnaie légale? Faut-il taxer au taux de la TVA la tendresse conjugale, la fraternité, l'amitié, les rapports de bons voisinage et la civilité comme les échanges de services qu'ils sont? Les libéraux rejettent toute la vision étatiste du monde, et en particulier tout ce qui vise à distinguer certains échanges "économiques" des autres.
Ce sont les socialistes, ces matérialistes de la pire espèce, qui vouent un culte démesuré à l'argent qui est à la fois leur dieu (quand ils s'en emparent) et leur diable (quand il leur échappe). Pour les libéraux, l'argent n'est qu'un intermédiaire parmi d'autres dans le troc, intermédiaire extrêmement pratique qui permet la coopération entre individus qui ne se connaissent pas, et d'un bout du monde à l'autre aussi facilement qu'entre voisins. L'argent est donc un outil du commerce pacifique entre les hommes, qui les rapproche et leur crée des intérêts communs. Ou plutôt les monnaies sont des intermédiaires pratiques parmi d'autres, car en l'absence de monopole d'État sur la monnaie légale, chacun use des monnaies qu'il veut selon les échanges auxquels il consent. Il n'y a donc pas lieu de distinguer comme spécifiquement "économique" des échanges qui se feraient en monnaie. Seul le monopole étatiste de la monnaie légale (qui profite à l'État et à ses banques à privilège au détriment des travailleurs, des consommateurs et des contribuables) crée administrativement une catégorie distinguée réputée "économique".
Les libéraux refusent de juger les actes en fonction de leur efficacité, qui est subjective: tel est le rôle de la morale, celui de la responsabilité qui retombe sur les auteurs d'une action. Quand le propriétaire de ressources les met en œuvre, il est propriétaire du résultat, et ce résultat est la juste sanction de son action, récompense ou punition. S'il usurpe les ressources d'autrui, il devient débiteur à sa victime de la contre-valeur des ressources usurpées, et le principe de justice et responsabilité est ainsi rétabli. Le libéralisme se contente de juger les actes en fonction de la justice, du respect des droits individuels, droits qui sont tous des droits de propriété. Voilà l'essentiel de la théorie libérale. On peut lui trouver des justifications utilitaristes ou jusnaturalistes, mais le cœur du libéralisme n'a que faire d'une soi-disant efficacité économique.
D'ailleurs, encore une fois, les libéraux rejettent la notion de
détacher l'économie du reste de la sphère de l'action humaine.
Chacun a ses propres critères subjectifs d'efficacité
pour ses propres actions, qui ne sont pas exclusivement "économiques",
et il n'y a pas de critère global.
Les libéraux rejettent tous les discours étatistes basés sur
une soi-disant notion collectiviste d'efficacité économique;
ces discours ne visent qu'à subordonner les individus
aux critères subjectifs choisis par les politiciens et bureaucrates,
à légitimer l'oppression des citoyens par le pouvoir politique.
Certes, il y a des modèles économiques pertinents qui mettent
en jeu des notions d'efficacité économique;
mais c'est à chaque individu qu'il revient
d'employer les modèles qu'il veut pour explorer
sa propre notion subjective d'efficacité;
l'adéquation d'un modèle à décrire tel pan de la réalité
est de l'ordre de l'appréciation subjective.
Nul n'a le droit d'imposer aux autres
ses préférences personnelles par la force,
et encore moins de décréter un modèle officiel
justifiant des lois imposées par la force publique.
Les libéraux sont particulièrement conscients de la faillibilité humaine. C'est bien pourquoi ils prônent l'établissement et le respect de règles de droit de propriété, qui permettent de contenir la volonté d'expansion de chacun dans un domaine où elle sera créatrice et l'écarter des moyens destructeurs d'expansion par la prédation. La nature humaine est une donnée; elle n'est donc en soi ni un bien ni un mal, seulement une loi de la nature qu'il faut prendre en compte. Encadrée par des droits de propriété respectés, elle sera juste et créatrice; sinon, elle sera injuste et destructrice.
Le contraire du libéralisme, le pouvoir politique, ne résout pas le soi-disant "problème" de la nature humaine. Au contraire, le pouvoir politique offre à tous les avides de pouvoir l'occasion de prendre ce pouvoir, par la force, par la ruse, par le mensonge, par la corruption, etc. La "volonté de puissance" n'est pas supprimée par la politique, mais déplacée vers un nouveau terrain fertile, ou elle prend des proportions phénoménales. À mesure que le pouvoir politique grandit, tous les prédateurs sont attirés par ce pouvoir, et aspirent à l'exercer directement (hommes politiques) ou indirectement (lobbies auprès des hommes politiques). Il ne se peut pas que le pouvoir ne tombe d'une façon ou d'une autre entre les mains de ceux-là même qui ont la "volonté de puissance" la plus développée et la moins scrupuleuse.
Légitimer le pouvoir, c'est légitimer la prédation même, la violation même des droits. Le pouvoir politique a pour seul attribut distinctif la force publique. Il ne peut aucunement agir sur les hommes sinon par cette force. Mais tous les massacres et toutes les terreurs ne peuvent pas changer ce qui est par définition dans la nature humaine. Ils ne peuvent que donner un pouvoir de prédation à ceux qui commandent ces massacres et exercent cette terreur sur ceux qui en sont les victimes, prédation d'autant plus grande que le pouvoir politique est fort.
Citons Thomas Jefferson, dans son premier discours d'investiture:
"Sometimes it is said that man cannot be trusted with the government of himself. Can he, then, be trusted with the government of others? Or have we found angels in the forms of kings to govern him? Let history answer this question."Citons aussi la réponse d'Edward Abbey, deux siècles plus tard:
"Anarchism is founded on the observation that since few men are wise enough to rule themselves, even fewer are wise enough to rule others."
Lire aussi cet article d'Erwan Quéinnec, La liberté, l'État et le besoin de vertu
Ce sophisme est basé sur un glissement sémantique entre plusieurs sens différents (et même opposés) du mot "anarchie". Nous avons vu plus haut que le mot "État" peut vouloir dire deux choses bien différentes: l'usage de la force organisée, ou le monopole de la force publique. Or, les libéraux rejettent le monopole, mais justifient l'usage de la force librement organisée pour défendre le Droit. Ils sont d'une certaine façon anarchistes (opposés au pouvoir politique), mais pas du tout anomistes (aucunement opposés aux règles du Droit). Au contraire, ils sont jusnaturalistes (défenseurs du Droit naturel). Comparer les mots grecs "archos" (pouvoir) et "nomos" (ordre). Opposer état de Droit (Rule of Law) et État de droit (bureaucracy).
Le Droit consiste en la garantie de la propriété légitime de chacun. L'arbitraire politique a pour seule arme la force, et ne peut agir que par la violation des droits des uns. Non seulement le monopole de la force est en soi une atteinte au Droit, mais chaque action du pouvoir politique (archos) qui résulte de ce monopole est aussi une insulte au Droit (nomos), et ce quand bien même le pouvoir politique prendrait l'apparence illusoire de "lois". Les vraies lois ne se votent pas, ne se décrètent pas, ne s'imposent pas. Nul, politicien, "sage", votant majoritaire, n'a le droit d'imposer aucune loi aux autres. Les lois justes sont découvertes par l'équilibre des droits que les individus sont effectivement prêts à défendre (et non pas seulement à proclamer en vain). La common law, en l'absence de législation politique et de monopole judiciaire, est le processus de découverte de ces lois. (cf. de Christian Michel "Faut-il obéir aux lois de son pays?")
Les libéraux défendent donc le droit de chaque individu à disposer de lui-même, y compris la liberté d'organiser sa propre défense. Cette liberté implique bien plus que le simple VOICE (expression d'opinion) seule façon reconnue d'influencer son organisme de défense dans les états "démocratiques" (d'où le proverbe: "la dictature c'est ferme ta gueule; la démocratie c'est cause toujours"). Les moyens qui garantissent que les citoyens seront vraiment les maîtres de leur gouvernement, et non pas ses sujets, sont les mêmes moyens qui font que les consommateurs sont les rois dès que le marché est libre: l'EXIT et l'ENTER, dont le VOICE n'est qu'un corollaire naturel. Soit la possibilité de faire sécession, d'arrêter de soutenir un gouvernement et de s'y soumettre, pour s'affilier à un autre gouvernement existant (EXIT), ou pour créer un nouveau concurrent sur le marché de la défense (ENTER) dès que les gouvernements existants ne sont pas satisfaisants pour tous. La privatisation de la défense des droits a été discutée en premier par Gustave de Molinari dans le chapitre 11 de ses célèbres Soirées de la rue St Lazare.
Ne pas confondre donc les libéraux avec les "anarchistes de gauche", qui tout au contraire des libéraux, prétendent éradiquer les lois, et donner un pouvoir politique illimité aux représentants autoproclamés de la "collectivité", réunis en comités de salut public. Par delà la similarité des mots "État" et "anarchie", il y a des concepts sous-jacents diamétralement opposés entre les "anarcho-capitalistes" et les "anarcho-communistes". Les libéraux défendent le Droit contre le Pouvoir Politique; les communistes nient le Droit, et proclament le Pouvoir Absolu de la Politique.
La liberté économique n'est qu'un cas particulier de la liberté d'agir sans nuire aux autres. Les libéraux sont pour la dépénalisation de toutes les relations entre adultes consentants, y compris les relations "économiques". Cela n'implique pas de leur part des privilèges particuliers à quiconque. Encore une fois, ce sont les étatistes qui veulent distinguer les échanges du reste de l'action humaine.
Bien plus, les libéraux dénoncent tout autant les privilèges institués par les conservateurs que les charges imposées par les socialistes. Ainsi, ils dénoncent la notion de "personne morale" et toute la législation qui l'accompagne (et à laquelle ils refusent toute légitimité); cette législation rend les dirigeants des grandes entreprises, des grands syndicats, etc., irresponsables des dommages qu'ils causent. Pour les libéraux, les entreprises sont des "nœuds de contrats", mais ces contrats n'obligent que leurs signataires, pas les tiers; que les investisseurs, dirigeants et employés se partagent leurs responsabilités, c'est leur affaire, mais cela n'ouvre à aucun d'eux aucun droit sur aucun tiers non contractant (client, fournisseur, victime). La législation sur les personnes morales est une usurpation législative des droits des créditeurs des compagnies et corporations protégées (clients, fournisseurs, victimes, etc.), au profit des dirigeants, investisseurs et employés incompétents ou malhonnêtes. Les dirigeants, investisseurs et employés compétents et honnêtes souffrent aussi de cette législation, par contrecoup, devant payer pour les autres.
Les grandes entreprises sont une bénédiction, qui permettent la satisfaction simultanée de millions de consommateurs, une grande réduction des coûts, etc. Mais le protectionnisme en faveur des dirigeants est une malédiction, qui encourage la mauvaise gestion, les "coups" spectaculaires et spectaculairement mauvais; ce protectionnisme est particulièrement développé dans l'énarchie française, et il n'est pas étonnant que, même quand l'État n'y met pas directement son nez, les grandes entreprises françaises soient si mal gérées en comparaison de leurs concurrentes étrangères.
La liberté individuelle de faire du pain ne veut pas dire que chacun va faire du pain de son côté, mais bien au contraire que les individus vont s'organiser librement pour que le pain soit fait de la façon qui arrange le mieux tout le monde. Plutôt qu'une boulangerie nationale décide pour tout le monde qui devra acheter où, quand et à quel prix quelle quantité de pain de telle qualité faite avec telle méthode et telle matière première, les individus, responsables, vont déléguer chacun à une personne de leur choix la facture du pain. D'aucuns font parfois leur pain eux-mêmes, pour le plaisir, sans léser personne. Mais la plupart mutualiseront les coûts de la facture du pain (temps, savoir faire, ingrédients, ustensiles, four, etc.) de la manière la plus efficace: à travers un libre marché. Dans la pratique, des milliers de boulangeries se font concurrence pour fournir le meilleur pain au meilleur prix, là où il y a une demande, au moment où il y a une demande, tandis que des millions de mangeurs de pain se font concurrence pour acheter le pain au prix exigé par les boulangers. Et c'est ainsi que tout ce beau monde cotise et mutualise les coûts de l'industrie du pain, se répartit les risques et les responsabilités, les gains ou pertes, la liberté de choix: des gens, les boulangers, se spécialisent dans le savoir faire, avancent comme capital le temps de faire du pain, les matières premières, le temps d'acquérir le savoir faire nécessaire pour bien en faire, les fours et ustensiles, l'immobilier, etc. Tandis que les autres, se spécialisant chacun dans une autre branche de l'industrie, peuvent acheter du pain bon marché, selon leurs préférences, avec les bénéfices que leur apporte leur activité, elle aussi rendue efficace par un libre marché.
Bref, la liberté individuelle, ça ne veut pas dire faire tout seul, ça veut dire que chacun choisit l'organisation de son choix, selon ses préférences, pour lui fournir les services dont il a besoin, sans forcer quiconque d'autre à faire comme lui.
Plus généralement, l'erreur grossière qui se cache derrière ce mythe, c'est celle de faire l'équation entre liberté et isolement. La liberté n'est pas l'isolement, pas plus l'isolement psychologique qui ferait qu'une personne ne serait pas "influencée" par son environnement, que l'isolement physique qui ferait qu'une personne serait un pur esprit, hors d'atteinte des forces physiques. Non. La liberté, c'est le respect par autrui de la propriété d'une personne. C'est un concept juridique, qui correspond non pas à un état d'isolement, mais à des règles de coopération pacifique. Les socialistes, qui ne voient dans toute interaction qu'une confrontation où l'un perd ce que l'autre gagne, ne conçoivent l'absence de spoliation que dans l'absence d'interaction. Les libéraux, qui voient dans les interactions légitimes des jeux à somme positive où les deux parties gagnent, conçoivent la liberté comme un paradigme de coopération.
Souvent, des présupposés faits par les étatistes mènent à des interprétations absurdes du libéralisme. Mais la contradiction n'est pas dans le libéralisme -- elle est dans les préjugés des étatistes, et dans leur croyance fausse que les libéraux partagent ces préjugés, lors même qu'ils les rejettent.
En fait, en droit, en histoire, l'État ne s'est jamais confondu avec la société. Même dans une soi-disant "démocratie directe" comme Athènes, les citoyens sont une minorité, et la plupart d'entre eux ne vote pas activement; cette "démocratie" athénienne a un sens en ce que les citoyens forment un groupe restreint avec un intérêt commun, uni par les liens du sang, car dans un état de guerre sinon permanent, du moins très fréquent, pour lequel il faut être toujours en alerte (les citoyens étaient ceux qui allaient à la guerre; ils possédaient leurs propres armes).
Il n'y a pas plus d'antagonisme entre capital et travail qu'entre boulangers et mangeurs de pain, ou qu'entre cordonniers et possesseurs de chaussures. Le travail n'est qu'un service comme un autre, qui s'échange contre un autre service. Dans tout échange, il y a un antagonisme local et limité concernant les termes de l'échange; chacun gagne à augmenter ce qu'il reçoit et à diminuer ce qu'il donne. C'est là que la liberté de ne pas échanger assure que nul ne peut perdre à l'échange, et que quel que soit le terme final, il sera satisfaisant pour tous. Mais par-delà cet antagonisme local, le libre échange même montre l'harmonie des intérêts, puisqu'il n'a lieu que dès lors qu'il bénéficie à toutes les parties concernées. Les mangeurs de pains bénéficient de l'existence des boulangers, et les boulangers de celle des mangeurs de pains, etc. C'est bien pour cette raison que les uns et les autres existent.
De même, les possesseurs de capitaux et les travailleurs ont des intérêts essentiellement en harmonie, par delà le problème des termes de leur échange. D'ailleurs, le capital n'est autre chose que le travail passé, utilement conservé et investi plutôt que dissipé en jouissances éphémères ou en destructions stériles. S'en prendre au principe du capital, c'est vouloir transformer tous les travailleurs en jouisseurs insouciants ou en ascètes; c'est déresponsabiliser tous les individus face à l'avenir, c'est détruire la source même de tout progrès. Et c'est bien sûr usurper les droits de tous les travailleurs honnêtes qui pensent au futur. À ce propos, il est à hurler de rire que les collectivistes dénoncent le poids croissant des fonds de pension, quand ceux-ci sont la preuve tangible que dans un régime de liberté, le capital retombe en fin de compte entre les mains des travailleurs prévoyants investissant sur le long terme, et non pas entre celles d'hypothétiques spéculateurs de bas étage investissant à court terme -- le libéralisme remplit les promesses que font les socialistes, qui eux mènent les pays qu'ils dirigent à la ruine.
Enfin, à supposer que l'on s'intéresse à l'équilibre dynamique de l'échange entre travailleur et capitaliste, c'est à dire entre travailleur futur et travailleur passé, comme dans tout échange, l'intérêt d'une partie est qu'il y ait la plus grande concurrence de l'autre côté. C'est à dire que bien loin qu'il faille concentrer le contrôle du capital dans les mains de l'État, l'intérêt des travailleurs est qu'il y ait le plus de capitalistes possibles, tous libres de tout contrôle politique, et en concurrence les uns avec les autres. L'intervention de l'État, c'est à dire de la force spoliatrice, ne peut que nuire aux travailleurs en général, même si elle peut prendre l'apparence de leur être utile, par le jeu habituel de "ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas": par exemple, l'État peut aider des travailleurs bien visibles, au détriment de tous les autres, qu'il ne montre pas, ou encore aider les travailleurs actuels au détriment des travailleurs passés ou futurs. Mais en fin de compte, ses soi-disant "aides" nuisent aux travailleurs, et bénéficient à une classe de privilégiés au détriment des autres.
La notion même de progrès, le fait que nous soyions plus riche que nos ancêtres, qui eux-mêmes l'étaient plus que les leurs, etc., jusqu'aux hommes préhistoriques, implique l'importance de la formation des richesses. Toute explication du fait social qui néglige cette dynamique est une absurdité. Voir le classique de Turgot, "Formation et Distribution des Richesses".
Le secret des richesses est dans leur processus de formation. Le problème social est dans l'irrespect des droits. Le respect des droits assure que tous peuvent s'enrichir, en travaillant dur, en étant propriétaire du fruit de son travail, en étant responsable de ses actes et de ses choix, en s'améliorant face à ses erreurs passées.
Encore une fois, le progrès est tel que les riches possèdent plus de richesse que la planète entière n'en possédaient il y a un siècle. Cette richesse ne peut donc aucunement avoir été prise aux pauvres, puisque les pauvres ne l'avaient pas. Qu'il y ait ou non eu spoliation des pauvres, ce n'est donc pas à cette spoliation que la richesse est due, mais à un mécanisme de formation des richesses. Notons d'ailleurs que les pauvres d'aujourd'hui sont plus riches que les riches d'il y a un siècle. Encore une fois, il est ridicule de ne regarder que la distribution des richesses sans regarder leur formation.
La raison pour laquelle les (pays) riches sont plus riches, c'est qu'ils sont plus productifs. La liberté d'accumuler du capital sans se faire spolier par le pouvoir politique est précisément ce qui a permis ces gains de productivité, en incitant les travailleurs à investir leurs gains plutôt que de les dépenser le plus vite possible, avant de se faire spolier. C'est du reste immédiatement visible quand on regarde les pays sortis de la pauvreté depuis 1950 malgré les lois protectionnistes des pays riches, tandis que d'autres s'y enfonçaient, malgré toute l'aide des pays riches à leurs gouvernements. Ce sont précisément les pays capitalistes qui ont relevé la tête, tandis que les pays étatistes s'enfonçaient.
Le point de vue libéral est cybernétique - il considère la société comme un système dynamique. De ce point de vue, il y a toujours autorégulation et marché, car l'État n'est pas une entité magique faite de surhommes omniscients et omnipotents placés en-dehors du système. L'apport de l'État au système est l'utilisation de la coercition par un monopole de la violence, pour contraindre les individus à faire ce qu'ils préfèreraient ne pas faire. La problématique n'est pas "y a-t-il autorégulation?", "y a-t-il marché?". La problématique est: "quel est le rôle de la violence?", "quel est le rôle du monopole?". Le libéralisme répond par le principe de non-agression: nul n'a le droit d'user de violence que pour défendre ce qui lui appartient. Le monopole est une atteinte au Droit, et ne mène qu'au malheur de ceux qui le subissent et à la corruption de ceux qui l'exercent, et à l'irresponsabilité générale des uns comme des autres.
Dans un marché libre, le mécanisme des prix est un régulateur naturel, qui permet à chacun d'exprimer ses préférences, qui attire les capitaux vers les activités appréciées du public, et les repousse des activités moins utiles. La liberté non seulement permet l'activité utile, mais crée l'information qui indique quelle est cette activité.
L'État ne peut que dérégler ce mécanisme, en truquant les prix, en prohibant certaines activités et en en encourageant d'autres. Son seul outil est la force, et tout ce qu'il peut faire, c'est forcer les individus à faire ce qu'ils préfèreraient ne pas faire, tout en les empêchant de découvrir ce qu'il serait préférable de faire.
Encore une fois, le progrès montre que l'économie est dynamique... [...] de l'importance de l'usage de l'information en société... [...] tout ce qui est prévisible est absorbé par le marché... [...] le progrès vient précisément de ce qui n'était pas prévisible.
Historiquement, non seulement les marchés libres n'ont jamais mené au monopole, mais c'est précisément pour se prémunir contre la concurrence de fait que d'aucunes corporations privées et autres consortiums publics ont exigé des monopoles de droit. Pour un point sur la question des monopoles, voir le livre de Henri Lepage "La nouvelle économie industrielle", 1989. Tous les monopoles de fait connus n'ont pu se maintenir plus que quelques années que par l'intervention de l'État, sous forme de privilèges, subventions, prohibitions, réglementations, autorisations, brevets, copyrights, ou autre forme de monopole de droit.
S'il y a une chose à laquelle le libre marché mène, c'est la satisfaction des consommateurs. La devise des commerçants, dans une économie libre, est d'ailleurs: "le client est roi". Car le client choisira encore et toujours les fournisseurs qui lui offriront les services qu'il désire au moindre prix. Si le libre marché mène à quelque chose, c'est donc à récompenser de leur travail les producteurs qui satisfont le mieux les consommateurs. Si tel fournisseur arrive à se maintenir seul en tête sur un marché libre, ce ne peut être que par sa capacité sans cesse renouvelée à satisfaire toujours ses clients mieux que ne le peuvent ses concurrents réels ou potentiels. Un tel "monopole de fait" ne lui confère aucun "pouvoir", car du moment où il cesse de satisfaire ses clients, il les perdra, au profit de concurrents qui peuvent apparaître du jour au lendemain au signal de sa débâcle.
Dans un régime de liberté économique, la faillite sanctionne la mauvaise gestion, les mauvais paris, l'absence d'anticipation, la trop grande prise de risques, les conduites délictueuses; elle punit ceux qui voudraient dormir sur leurs lauriers, vivre indéfiniment d'une rente sans travailler ni placer intelligemment leurs capitaux (ce qui est un travail en soi), etc. Bref, de même que la réussite et la croissance d'une entreprise, la faillite participe de la responsabilité des investisseurs, qui est le pendant de leur liberté. Liberté et responsabilité ensembles constituent le principe moral même du libéralisme.
Il est pour le moins absurde que l'on crie à la fin du libéralisme quand les mauvais choix d'un dirigeant ou investisseur sont sanctionnés, à hauteur de quelques milliards de dollar de perte dans les cas les plus spectaculaires, toutes les quelques années de par le monde. Par comparaison, quand une "entreprise" nationalisée, une institution "sociale" ou "nationale", perd des sommes astronomiques, chiffrées habituellement en dizaines ou centaines de milliards de dollar, ce qui arrive chaque année dans chaque pays, ou quand la création de fausse monnaie légale met tout un pays en ruine, ce qui arrive de temps en temps, on ne crie pas à la faillite de l'étatisme. Pendant ce temps là, les politiciens et bureaucrates, irresponsables de leurs décisions, s'en tirent à bon compte: leurs désastres sont épongés à coup d'impôts prélevés de force sur les contribuables innocents.
Dans un échange volontaire, chacun s'estime gagnant, sinon, il n'échangerait pas. S'il n'a pas été trompé par l'autre, chacun est donc gagnant; l'économie est donc un jeu à somme positive. Si l'un des échangistes a utilisé la ruse ou la force, il sera justiciable de ses actes, et devra compenser l'autre pour son éventuelle perte. Et si l'un des échangistes s'est trompé lui-même, sa perte est la juste sanction de son erreur.
La notion de gain est subjective. Ce qui est sûr, c'est qu'à l'échange, les deux échangistes gagnent. Mais comment comparer le plaisir subjectif de l'un au plaisir subjectif de l'autre?
Une théorie populaire avance que, par les miracles d'une "asymétrie d'information", celui qui est en position de vendeur (reçoit de l'argent) l'un tend à "gagner plus" que celui qui achète (donne de l'argent). Mais cet acheteur d'un instant ne fait-il pas de même quand il est lui-même en position de vendeur? Or, nul n'est acheteur qu'en tant qu'il a été vendeur auparavant; donc, ce qu'il n'aurait pas gagné "en plus" dans telle transaction, il l'aura nécessairement gagné "en plus" dans une autre. (Et oui, la vente de travail est une telle transaction.) Chacun gagne donc autant qu'il perd dans ces "asymétries", pour la simple raison qu'il existe une symétrie à un niveau supérieur. Au bilan, cette théorie ne mène à rien. Au contraire, l'asymétrie d'information est la condition nécessaire de la plus grande source de progrès dans la civilisation: la division du travail, la spécialisation. [...]
La justice ne se soucie pas des résultats, mais seulement des moyens employés; elle ne saurait donc se prononcer sur les profits eux-mêmes, qui ne sont que les résultats d'une action. Quant à la morale, qui se soucie du bilan d'une action, elle juge que les profits sont toujours à mettre au crédit de l'action entreprise. Si l'action a porté préjudice à autrui, alors ce préjudice sera à charge de l'action entreprise, et devra être mis en balance -- mais le profit sera compté positivement, et devra servir à dédommager les victimes. Des profits réalisés avec des moyens justes, sans léser quiconque, sont évidemment hautement moraux.
Tout profit réalisé par le travail et l'échange volontaire, ne nuit à personne. Mieux encore, tout profit réalisé par l'échange volontaire signifie nécessairement que l'on a rendu service à autrui, que l'on lui a fait gagner ce qu'il n'aurait pas eu à si bon compte autrement. Bref, chaque sou honnêtement gagné est la preuve que l'on a aidé son prochain, que l'on a coopéré avec une personne que l'on ne connaît pas. Qu'y a-t-il de plus moral que cela?
Certes, il y a une injustice, dans le fait de réaliser un profit par le vol ou le dol; mais le vol et le dol sont injustes même s'ils ne mènent à aucun profit! C'est la violence et la tromperie qui sont injustes et immoraux, et non pas les profits réalisés. Au contraire, ces profits sont une (souvent bien maigre) compensation pour les dommages causés (souvent bien supérieurs), et plus ils sont élevés, moindre sera la dette restant aux agresseurs quand ces profits auront été reversés aux victimes, comme de droit. Et plus grande la différence entre le profit réalisé et le préjudice subi, donc moindre le profit et plus grand le préjudice, plus grande est l'immoralité.
Un tueur aveugle qui tue gratuitement, un vandale qui détruit sans profiter, un aigrefin qui fait s'évaporer des fortunes en ramassant des miettes, un fonctionnaire qui participe de l'oppression étatique en échange d'un maigre salaire, un homme politique qui mène un pays à la ruine pour une gloire éphémère, sont tous des êtres bien plus abjects, immoraux et dangereux que celui qui tue, vole, trompe, se fait complice du crime, ou le dirige, pour le profit. Au moins, celui qui cherche le profit aura quelque souci d'efficacité; à crime égal, pour une même injustice, le bilan des opérations du criminel intéressé sera moins mauvais pour la société, et il sera possible de dédommager plus largement les victimes (ou leurs ayant droits) quand il sera attrappé.
Notons que le bilan de l'injustice est toujours immoral, car s'il était possible de faire un profit supérieur au préjudice subi, alors un échange volontaire avec partage du profit réglerait l'affaire avantageusement pour tous sans qu'il y ait besoin de violence ou tromperie.
Imagine-t-on que l'État protège l'industrie des bouliers, dangereusement concurrencée par l'avènement des ordinateurs? Qu'il protège le ramassage manuel du coton, concurrencé par les moissonneuses mécaniques? Qu'il sauve l'industrie du balai en bois, naufragée par celle des aspirateurs? Non pas. Or, toute faillite d'une industrie n'est que le signe que ses clients ont trouvé un nouveau moyen d'obtenir un service qui leur convient mieux, qui est meilleur ou moins cher. "Sauver" une industrie en faillite, c'est toujours détruire ou empêcher une industrie rentable. C'est forcer les contribuables à payer davantage pour que se réalise une moindre satisfaction des consommateurs.
Nous avons vu que la faillite est une sanction naturelle qui permet d'éliminer les entreprises qui cessent d'être rentables. De même qu'une entreprise créant un nouveau service reçoit initialement une prime pour être la première sur le marché, une entreprise qui offre des services obsolètes est sanctionnée par des pertes. Cela fait partie du cycle vital de toute activité, et la liberté et la responsabilité des investisseurs comprend aussi bien la jouissance des bénéfices initiaux que la charge des pertes finales. C'est ce respect des droits de propriété, dans ses aspects positif comme négatif, qui fait la moralité du système. C'est lui qui incite les individus à placer leur travail, leur temps, leurs fonds dans des activités dont la valeur totale est positive, y compris les coûts finaux de désengagements. C'est lui qui les encourage à innover sans cesse pour continuer de faire des profits en étant utile à leurs clients.
Les institutions internationales comme l'OMC, le FMI, l'ONU, etc., sont des organisations archi-étatistes, qui promeuvent le contrôle du pouvoir politique sur la population. Ces institutions sont composées de fonctionnaires grassement payés via l'impôt par les contribuables de tous les pays; elles agissent par voie de traités ayant vigueur de lois (une fois ratifiés), qu'elles font respecter à coups d'institutions publiques créées à cette effet. Leur doctrine est le protectionnisme, sous les prétextes éculés de "régulation" et "réciprocité". Si l'OMC avait vraiment pour but le Libre-Échange, sa charte consisterait en une seule phrase: Laissez faire, laissez passer. Si le FMI était libéral, il se saborderait, non sans emporter avec lui les monopoles des banques centrales, et le principe des dettes collectives. Quant à l'ONU, cette assemblée des dictateurs, technocrates et démagogues du monde entier, elle déclarerait sa dissolution et l'arrestation des criminels qui la composent.
En fait, ce genre de mythe survit parce que les socialistes propagent une vision du monde basée sur le procès d'intention, l'idée qu'il n'y a que des fins conflictuelles, les alliances politiques et positionnement amis/ennemis comme seule principes d'opinion et d'action. Ainsi, ils font l'équation émotionnelles nous = travailleurs = peuple = pauvres = amis = gentils, eux = patrons = exploiteurs = riches = ennemis = méchants. Parce que l'OMC sert visiblement les interêts protectionnistes de certains producteurs (au détriment de tous les autres, donc), ils font l'équation OMC = patrons = méchants. Comme du reste, les libéraux sont leurs seuls opposants idéologiques réels, ils font aussi l'équation libéraux = méchants. Et hop! Sauf que les libéraux sont sans doute plus pour les travailleurs que les socialistes ne le seront jamais. Sauf que les libéraux incluent les patrons parmi les travailleurs, et s'opposent tout autant à la minorité de pseudo-entrepreneurs qui vivent du protectionnisme patronal plutôt que de l'entreprise, qu'ils s'opposent à la minorité de pseudo-travailleurs qui vivent du protectionnisme syndical plutôt que du travail salarié.
Monopole de fait vs monopole de droit, appliqué à divers services, et à l'emploi de la force. Loi du plus fort vs Droit du plus fort. Cf. microsoft_monopoly. Cf.
Sur la notion de sophisme en général, voir par exemple cette page au département de logique de l'université d'Alberta.
Exemples de Sophisme:
Les États-Unis ne sont pas leur gouvernement (cf. mythe confondant État et Nation). Le pays a indéniablement une tradition libérale (relire la philosophie du temps de la révolution américaine), mais cette tradition s'exprime non pas dans ce que fait le gouvernement, mais dans ce qu'il est empêché de faire, par la Constitution, par l'opinion, par la décentralisation en États, par la sanction des urnes, etc.
Le libéralisme nie toute légitimité au pouvoir politique, et ne saurait être tenu solidaire de ce qui se fait malgré lui. Le communisme prétend que la politique peut tout faire et doit tout faire, et s'il ne saurait être tenu responsable des détails de tout ce qui se fait dans les pays communistes, il est responsable de ce qu'un pouvoir totalitaire y existe, et opprime les individus en général. Du reste, les intellectuels communistes ont applaudi toutes les prises de pouvoir communistes, leur répression sanglante des opposants, leur oppression des dissidents, leur censure de l'opinion. Les intellectuels libéraux ont condamné les actions mercantilistes, protectionnistes, impérialistes et prohibitionnistes des gouvernements de leurs pays.
Pour reprendre la métaphore, selon le principe de l'État, les copropriétaires d'un immeuble seraient organisés de façon à ce que le pouvoir, désigné à la majorité des personnes (plutôt que des parts) ou autrement, aurait droit de vie et de mort sur chacun des copropriétaires, de dicter tout ce que quiconque a le droit de faire dans quelque domaine que ce soit, et d'emprisonner ou de tuer ceux qui ne se plieraient pas aux nouvelles règles érigées par le pouvoir.
Au contraire, dans une copropriété, la répartition des charges est répartie à l'avance; chacun vote selon ses parts, sur les sujets qui l'intéresse, et pas sur les autres. Chacun est libre de revendre ses parts. Dans une copropriété bien organisée, les habitants du rez-de-chaussée ne paieront pas l'ascenseur, ni ne prendront de décision le concernant, et chacun aura de même des parts dans les charges et les mécanismes de décision proportionnels à son usage. Une action commune nouvelle, qui n'était pas prévue dans le contrat original, ne doit pas s'imposer au copropriétaires qui la rejettent; que ceux qui se sentent concernés s'organisent ensembles, paient et jouissent, tandis que les autres seront en-dehors du circuit, et ne paieront ni n'auront le droit de jouir de la partie commune aux autres. Chaque copropriétaire est libre chez lui, et ne peut être astreint par les autres que pour prévenir ou réparer les dégats concernant les parties de la copropriété appartenant à autrui. Bref, la copropriété fonctionne sur un tout autre principe que l'état. S'il y a tant de copropriétés qui fonctionnent mal, c'est en grande partie parce que l'état, par de très nombreuses réglementations, empêche les copropriétaires de contracter à leur gré, mais les force à suivre des procédures qui favorisent certaines formes d'irresponsabilité.
Si l'État devait être modelé selon le principe de la copropriété, alors il y aurait un contrat préalable qui ne s'appliquerait qu'aux signataires; il n'y aurait pas de législation, car de nouvelles règles ne sauraient s'imposer aux personnes involontaires; nul ne pourrait être inquiété chez lui, sauf dans la mesure où il est établi qu'il cause préjudice à autrui, et uniquement pour réparer ce préjudice. Nul ne pourrait être exproprié de force au prétexte d'un vote des autres, et l'extension des parties communes ne pourra se faire que par un contrat volontaire entre copropriétaires concernés; ces parties seront alors communes aux seuls copropriétaires concernés, et leur nouveau contrat n'engagera aucunement les copropriétaires non concernés. Chacun pourrait revendre ou louer une partie ou la totalité de ses parties, au prix convenu entre lui et son client, sans que les autres copropriétaires n'aient rien à redire, sauf quant au respect de leurs droits et du contrat initial. etc. Bref, l'État est bien loin d'être une copropriété.
Cf. article de Michaël Mithra sur le sujet...
Exemples de pures faussetés, insultes vides de sens, et autres slogans:
En sortant des meilleures écoles de France, je ne savais toujours pas ce qu'était le capitalisme. Ce que signifiait vraiment le mot "capital". Je l'ai découvert en lisant "Formation et Distribution des Richesses" de Turgot. Ceux qui insultent le capitalisme préfèrent n'en rien savoir, n'en rien comprendre. La haine aveugle est leur religion.
La "concurrence pure et parfaite" est un modèle économique abstrait, utilisé par divers économistes (rarement des économistes libéraux d'ailleurs) pour étudier diverses situations. Les libéraux ne défendent aucun modèle mathématique de l'économie. Ils défendent une théorie du droit. Ils savent fort bien que les modèles sont des outils conceptuels qu'il faut adapter à la réalité pour obtenir des informations pertinentes; contrairement aux étatistes, ils n'essaient pas de décalquer la réalité à partir d'un modèle abstrait.
[...] concurrence = liberté (droit)... [...] confusion entre droit et fait... [...] mythe de l'État régulateur... [...] cf "sauvage"... [...] cf Bastiat, "Concurrence"...
Ceux qui insultent la concurrence préfèrent n'en rien savoir, n'en rien comprendre. La haine aveugle est leur religion.
Le souci de soi est bien. Il est même indispensable à la vie en société, car il sous-tend toute notion de responsabilité. Le respect des autres commence avec la responsabilité de soi-même, de ne pas nuire aux autres, de ne pas être une charge pour eux. Le mépris de l'autre est mal. Et justement, le fondement du libéralisme est une éthique et une théorie du droit fondées sur le respect de l'autre. Si on appelle proprement "égoïsme" le souci de soi, alors oui, les libéraux sont fiers de défendre le concept que dénote ce mot. Si on appelle improprement "égoïsme" le mépris d'autrui, alors les libéraux condamnent le concept ainsi dénoté.
Ce sont les collectivistes, au contraire, qui récompensent le mépris d'autrui, et renversent la moralité, en faisant de la richesse un crime, de la pauvreté un titre de gloire, de l'aide aux pauvres une dette, de la réception de cette aide un droit. La faillite est la sanction naturelle et juste de l'incurie, de la paresse, de la bêtise, de l'erreur. Parfois, souvent même, la malchance et la malchance viennent à jouer; c'est ce que la prévoyance et la mutualité peuvent atténuer; c'est ce que la solidarité vient corriger. [...] Prévoyance, Mutualité, Solidarité, supposent aussi la liberté et la responsabilité...
On ne peut être altruiste qu'envers un égoïste... si la personne ne veut rien pour elle, lui donner, ce n'est pas l'aider.
Du reste, paille, poutre, tous les arguments collectivistes ne sont que des appels égoïstes à la haine de l'autre et le vol de certains prétendus "riches" au profit de certains soi-disant "pauvres".
(Cette métaphore a été attribuée à Jaurès (?), ce qui semble douteux, ou à Lacordaire, ce qui semble plus probable - toute confirmation bienvenue.) Tout d'abord, voyons ce que signifie cette métaphore, quant au rôle de cet État qui se trouve soudain supprimé. Au vu de cette métaphore, alors les individus honnêtes sont des poules dans un poulailler. Qui protège habituellement les poules contre les agressions extérieures? Un fermier, l'État, remplit ce rôle; C'est censé être un être supérieur aux poules. Mais il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin. Si cette métaphore s'applique, alors il faut accepter de voir dans les individus des bêtes d'élevages, soumises au bon vouloir d'un État fermier. Or ce fermier peut et va à loisir contrôler leur reproduction, voler leurs œufs, les engraisser et les égorger. Le poulailler, c'est l'exploitation des poules par le fermier. Entre le renard et le fermier, il n'est pour les poules que le choix entre deux prédateurs. L'État n'est pas plus l'ami des citoyens que le fermier n'est l'ami des poules; comme le fermier exploite ses poules, l'État exploite les citoyens honnêtes. Le criminel, tel le renard, use d'une violence subite, extraordinaire, tandis que l'État use d'une violence ordinaire, permanente; il enferme ses poules de citoyens dans un poulailler, une prison faite de lois et gardée par des chiens-policiers. Il leur offre un avenir tout fait, où ils seront gavés par diverses subventions mais constamment dépouillés des œufs de la richesse qu'ils créent; ils sont des esclaves durant toute leur vie, jusqu'à ce que l'État les abatte et se nourrisse de leurs dépouilles, confisquant leur héritage.
Les poules libres ne vivent pas dans un poulailler. Elles vivent au grand air. Elles nidifient dans des hautes herbes. Elles sont loin d'être aussi dodues que les poules d'élevage, mais c'est à elles et non pas à un dîneur que profitera la graisse et les muscles qu'elles accumuleront. Elles courent vite, sautent loin par dessus les obstacles pour échapper au renard, et même s'envolent pour se percher hors d'atteinte au besoin, elles donnent des coups de bec féroces pour se défendre ou protéger la fuite des leurs. Elles ne pondent pas quotidiennement et en vain pour le plaisir des prédateurs humains, mais à fin de reproduction seulement. Elles ne sont pas enfermées dans une clôture, voire pire dans un poulailler étriqué sans issue de secours en cas de renard; elles vivent libres de suivre leurs aspirations, et de traverser les routes sans avoir à en répondre à quiconque.
Non vraiment, l'abolition de l'État comme monopole de la force ne peut pas se comparer à laisser entrer le renard dans le poulailler; car dans une société de liberté, les individus ne sont pas des poules d'élevages soumises à un être supérieur (d'ailleurs, que ces êtres aspirant à nous diriger présentent leurs titres de supériorité!), mais des êtres indépendants, pouvant se défendre seuls ou en groupes volontairement formés, d'autant mieux qu'ils n'auront pas été réduit à l'état d'esclaves passifs. Les libéraux ne sont pas des pacifistes visant à abolir la force défensive. Les tolstoïens étaient de tels pacifistes; ils ont tous disparus dans la nuit glacée et rouge sang de la révolution bolchévique. Les libéraux revendiquent que les individus puissent s'armer et organiser leur propre défense. La métaphore animalière pour les agresseurs potentiels dans une société libérale sera alors plutôt celle du crocodile libre dans le fleuve des libres hippopotames - tenu en respect par la peau dure et les machoires puissantes des hippopotames, qui vivent paisiblement tant qu'ils ne sont pas attaqués.
Pour vous y retrouver, voici quelques pointeurs sur d'autres pages ouèbes relatives au libéralisme où à des critiques du libéralisme. N'hésitez pas à me faire part de corrections ou d'ajouts à faire à cette liste.
A rajouter:
Action à la marge: le monopole de fait lui laisse toute sa force; le monopole de droit l'élimine quasi entièrement.
Il est vrai que libérer le public du souci de sa responsabilité, c'est un service que rend l'État. Mais autant le rendraient des gestionnaires non monopolistes, auquels on confierait le soin de cotisations volontaires plutôt que celui d'impôts forcés.
Les étatistes font miroiter le risque d'une prépondérance, pour justifier la certitude d'un monopole!
Entrée sur la praxéologie, science de l'action humaine.
Vive l'Inégalité! moteur de la vie et du progrès, raison d'être même de la société: l'échange, l'interaction sociale, ne vaut que parce qu'il y a inégalité. La spécialisation dans la division du travail est au cœur du progrès civilisateur.
Les socialistes disent se battre "pour les uns" qu'ils ne sont pas, "contre les autres" qu'ils ne comprennent pas. Ils ne se battent pas pour quelquechose.
Le socialisme comme fruit de la pré-pensée associative, astructurée, fonction secondaire du cerveau. Le libéralisme comme fruit de la pensée structurée, fonction tertiaire du cerveau.
Le gouvernement gagne à légiférer: il justifie son existence aux yeux du public, se constitue une clientèle d'industries protégées, assoie son pouvoir sur le public spolié, crée des nouveaux pauvres qui viendront quémander son aide, etc. Ceux qui n'ont pas intérêt à la législation (à aucune législation), ce sont les citoyens.
Q: Mais si l'État ne paie pas tel service, comment sera-t-il financé?
R: Avec ce même argent que l'État prélève de force sur les individus
sous forme d'impôt.
Q: Mais si l'État ne force pas à payer tel service,
comment les individus vont-ils penser à le payer,
et choisir de le faire plutôt que de le dépenser à des fins égoïstes?
R: avec ce même cerveau et ce même cœur qu'ils sont censés avoir
quand ils élisent ou approuvent actuellement l'homme politique
qui prétend penser et choisir à leur place.
Q: Et s'il est plus efficace de confier son argent à une organisation
qui gérera toute la complexité de toutes ces actions communes?
R: Alors c'est tout naturellement que les individus libres confieront
chacun leurs ressources à l'organisation de son choix
pour déléguer sa part d'actions communes.
Q: Quelle différence alors avec le système actuel?
R: Avec le principe de l'État, un monopole du pouvoir politique
impose à tous les édits des dirigeants.
Chaque citoyen n'a qu'une influence négligeable sur le choix duquel gouvernera
entre des partis politiques irresponsables vivant de promesses jamais tenues.
Avec le principe de la liberté, chaque citoyen choisit à son gré
à quelle(s) organisation(s) confier ses ressources, et les partis
sont donc remplacés par des organisations gestionnaires responsables,
qui ne pourront vivre des promesses qu'elles tiendront effectivement.
L'action marginale libre et responsable
a remplacé l'action en moyenne contrainte et irresponsable.
Les collectivistes nous ont volé et ont corrompu les noms que les libéraux se sont donnés dans le passé: taoïste, whig, leveller, idéologue, économiste, et même "libéral" dans les pays anglo-saxons. Peut-être dans un siècle ou deux, cette chasse aura-t-elle reprise. Peut-être le nom de libéral, en France même, signifiera-t-il "socialiste". Les libéraux devront trouver refuge dans la dénomination actuellement encore incontestée de "libertarien", avant d'en être chassés. Ils se replieront peut-être sur "Old Whig", sur "Vrai Taoïste", sur "jusnaturaliste" ou "harmoniste" -- en tout cas, la lutte sera constante; car dès lors que les libéraux se feront connaître positivement sous un nom, des parasites viendront profiter de la renommée de ce nom pour vendre leur venin sous une dénomination trompeuse, jusqu'à ce que le ridicule les en ait découragé, ou que la dénomination soit entièrement corrompue. Or, la philosophie de la liberté dénie par définition à quiconque l'autorité de se porter garant de la préservation de la pureté conceptuelle quant à ce qui participe ou non de la tradition libérale. Donc, aucune dénomination que ses tenants auraient momentanément choisie ne sera jamais acquise pour cette tradition, et la corruption d'une dénomination ne saurait avoir comme gardien que l'avancée des lumières parmi la population. La liberté ne peut se maintenir que par un effort permanent.
Principes du libéralisme:
Lexique: capitalisme - cf l'ancien article de en.Wikipedia.org et ses multiples définitions.
Lexique: économie - opposer praxéologie à économétrie fiscale.
Lexique: panarchie, panarchisme, panarchiste. De Puydt, Zube, Michel...
Un socialisme appliqué est forcément un national socialisme: sinon, pourquoi avec les impôts français aider le chômeur français plutôt que le crève-la-faim africain.
Non sequitur des justifications de l'État à partir de "les hommes ne sont pas assez...". Petitio principii de l'État comme solution universelle à tous les problèmes. Fantasme de la solution facile, gratuite. Tout est gratuit si on ne regarde pas les coûts!
Mythe de la nécessaire uniformisation. Or, l'uniformité, oui, mais a quel prix? Quels moyens déployer pour obtenir quelle uniformité? Et qui décide de ces moyens comment? L'uniformité de quoi? Mieux vaut la diversité que l'uniformité dans le pire. Enfin, sophisme de la vision statique du monde - ce qui compte n'est pas l'uniformité ou pas, c'est telle uniformisation ou telle autre ou telle diversification; il faut avoir une vision cybernétique du monde, où l'unité de réflexion doit être l'unité de décision et d'action, en concurrence avec les autres décisions-actions mettant en œuvre les mêmes ressources.
Mythe de l'État comme garantie -- mais qui garantit l'État? À supposer que des garanties soient utiles, en quoi l'État (surtout démocratique) est-il le mieux placé pour les fournir? À supposer qu'elles sont "nécessaires" (qu'est-ce à dire? le monde va-t-il s'arrêter de tourner sinon? la moindre infraction va-t-elle causer une disruption majeure dans l'ordre de l'univers?), en quoi la coercition étatique, qui ne peut intervenir qu'après-coup, va-t-elle arranger quoi que ce soit? Illusion nominaliste: il suffirait d'écrire solennellement une règle pour que la nature des choses soit changée.
Vision statique: regarder a plusieurs instants donnés l'état du monde dans l'espace, en déconnectant les effets des causes, les bienfaits de leurs coûts; faire des statistiques. Paradigme de la commande: l'état est une entité supérieure, déconnectée de la nation, qui lui imprime unilatéralement un mouvement.
Vision dynamique: regarder la dynamique du monde dans le continuum espace-temps, en reliant les effets aux causes en des chaînes de conséquences, en liant les bienfaits à leurs coûts; faire de la cybernétique; paradigme de l'interaction: l'état n'est qu'une partie de la société, et n'est pas immune aux conséquences qui suivent nécessairement ses actions, même indirectement, par réaction.
Ambivalence: équivoque dans le sens des mots "État" (monopole ou simple organisation), "anarchie" (absence de coercition ou absence de règles), "Société" (personnification collectiviste a priori, ou épiphénomène individualiste a posteriori), "Organisation" (volontaire ou pas)", "Institution" (émergente ou commandée), etc.
Hommes de paille: projeter des présupposes étatistes sur une société anarchiste.
La fin des subventions agricoles: au lieu de surproduire les produits subventionnés, produire autre chose. Ici, reboiser, là, rendre habitable; remplacer un champ de céréales par du carburant vert (qui pourrait devenir rentable), faire des cultures moins intensives, faire des cultures de meilleure qualité, etc. Qui sait ce qui se révèlera vraiment le plus utile? On peut faire des paris, mais la meilleure façon de le savoir, c'est bien de laisser faire.
Coûts d'opportunité vs. coûts comptables. Moralité vs. justice.
Écrire un article sur la façon de lire les classiques. Dieu chez Bastiat: "I believe in God, only I spell it Nature. -- Frank Lloyd Wright" Bastiat fait la même chose, avec l'orthographe inverse.
Mots clefs lourds de sous-entendus fallacieux -- Mettre ça dans le lexique?
Contrat social? Jean-Jacques Rousseau, John Locke, Lysander Spooner, Christian Michel, ... Ce qui fait la validité d'un contrat c'est son caractère libre et volontaire.
Démocratie, État, Ultra-libéral, etc.
Pouvoir Politique vs Poids Économique
Réguler le régulateur!? Les hommes politiques s'estiment au-dessus du lot.
Volonte générale: personnification d'une entité abstraite synthétique.
Dictature du {marché, prolétariat, etc.}: cf Volonté générale. Vol de concept.
Autonome: suppose que la liberté réside dans l'autarcie. Or l'échange et le capital sont précisement ce qui nous permet de vivre bien au-dessus du niveau de vie que l'on aurait en étant autarcique.
Don: certes, mais qui donne quoi? combien? à qui? Quel sera le principe régulateur du don? Or, qu'est-ce donc que l'échange, sinon le don réciproque, doté d'un principe regulateur juste? Le don présuppose la propriété. Comment peut-on donner ce qui n'est pas a soi? Le socialisme nie la propriété, il nie donc le don, il nie la solidarité.
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