Notes de Lecture

Cette page contient des notes sur des oeuvres que j'ai pu lire à divers moments. Veuillez lire cet avertissement.

Faré -- François-René Rideau -- Ðặng-Vũ Bân


Table des Matières

Formation et distribution des richesses
Notes de lecture sur des textes de Turgot.
(écrit le 1998-01-12).

Voir aussi une liste de livres que je recommande, et quelques livres que je publie, sur mon site.


J'envoyai cet article pour publication dans le BOcal le 1998-01-12, mais sans jamais recevoir de réponse, positive ou négative, malgré que mon courrier ait été reçu. Je publie donc ici à défaut d'ailleurs ces courtes notes de lecture.

J'ai depuis retrouvé sur la Toile certains des textes dont il est question, qui sont disponibles sous forme électronique sur mon site ouèbe.

Formation et distribution des richesses

Turgot, que l'on connaît pour avoir été ministre de Louis XVI, fut non seulement un grand homme d'État, mais aussi un grand théoricien de l'Économie Politique, même s'il n'eut jamais le temps d'écrire d'épais volumes. Les textes réunis par Joël-Thomas Ravix et Paul-Marie Romani en poche chez GF Flammarion sous le titre "Formation et distribution des richesses" sont autant de cours lumineux à l'usage du plus large public. L'auteur y décortique les mécanismes économiques qu'il explique en termes élémentaires; un lecteur sortira mieux éclairé sur la nature du capital et de l'intérêt à l'issue de la lecture de quelques pages de ce livre de poche, qu'à celle de trois tomes de mille pages d'écriture serrée écrits cent ans plus tard.

Est rejetée la vision naïve selon laquelle les richesses seraient immanentes, attendant d'être cueillies et distribuées; car elles sont au contraire le fruit d'un travail long et ardu, la production, qui nécessite des avances, les capitaux. On ne peut concevoir la formation et la distribution des richesses l'une sans l'autre, ou les deux statiquement: toutes deux participent d'une même dynamique fondée sur l'accumulation et la mise en oeuvre de capitaux par une population d'agents indépendants, dans un monde où les ressources ne sont pas uniformément réparties, où une multitude complexe d'arrangements locaux sont nécessaires pour augmenter le rendement. Turgot développe alors la théorie classique du marché, libre ou entravé, appliquée au commerce en général, et à celui des capitaux et celui des grains en particulier; il démonte les arguments du dirigisme, du protectionnisme et de la sur-réglementation, qui, déjà à l'époque, étaient autant de fléaux pour l'économie nationale.

On pourra certes reprocher à l'auteur sa conception trop matérialiste de la richesse, héritée des physiocrates, qui veulent ramener toute richesse à son substrat physique, et semblent faire de son l'extraction brute de la nature l'essentiel de la production. Mais, comme l'auteur le dit lui-même dans un des essais du recueil, la nature précise de la richesse est secondaire à son argumentation; d'ailleurs, il expose dans un autre essai une théorie tout à fait moderne de la valeur, encore une fois de façon lumineuse.

Il est des textes qui méritent le qualificatif de classique, de parce que leur contenu, dont la validité défie les siècles, est exposé clairement, en termes simples et didactiques, sans affectation ni effet de mode, sans volonté d'hermétisme ni de visée partisane. Ces quelques oeuvres de Turgot sont très certainement des classiques à ce titre. Que d'âneries nous seraient épargnées, si seulement elles étaient plus lues!


Retour: