Le Socialisme et les 35 Heures François-René Rideau |
21 octobre 1998
Ceci est un de mes premiers articles libéraux, publié en 1998 sur ma page « sur le libéralisme ».
Les socialistes (terme à prendre au sens large, y compris tous les mouvements dérivés, communistes, gauchistes, etc.) ont récemment lancé en France, et avec succès, un slogan (et une loi) pour les « 35 heures » de travail hebdomadaire.
Pourquoi 35? Pourquoi pas 36 ou 37? 34? 33? 32? 30? 20? 10? 9? 8? 7? 6? 5? 4? 3? 2? 1? 0??? Pendant qu'on y est, pourquoi pas un temps de travail négatif obligatoire, à consacrer à la destruction et à la consommation de richesses, plutôt qu'à leur production? Quel critère proposent-ils pour s'arrêter?
Les socialistes n'ont pas de critère rationnel. La seule raison de cette revendication, la seule motivation, est l'égoïsme salarial, directement ou indirectement par identification, voire hypocritement par démagogie, ou bêtement par réflexe moutonnier. Les motivations réelles des socialistes sont donc aussi égoïstes que celles des pires croquemitaines capitalistes qu'ils brandissent comme épouvantails.
Sauf que contrairement aux dits capitalistes, les socialistes ajoutent la bêtise à l'égoïsme; la bêtise, parce qu'ils refusent de comprendre les mécanismes économiques les plus élémentaires. Pire encore, non contents d'être bêtes à titre personnel, les socialistes diffusent la bêtise à grande échelle. D'ailleurs, souvent les dirigeants socialistes, loin d'être eux-mêmes bêtes, diffusent pourtant hypocritement la bêtise de masse. Ils déservent la société en empêchant toute résolution rationnelle des conflits économiques.
Bien que la doctrine socialiste officielle prône un monde d'amour et de coopération, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et où nul n'exploite ni n'opprime nul autre, les seuls moyens d'action et de réflexion du socialisme sont du domaine du conflit ouvert des uns contre les autres, de la haine (les socialistes français n'ayant pas hésité à parler du « peuple de gauche », en l'opposant à un spectre de la droite). Le terme de lutte sociale est d'ailleurs récurrent dans la phraséologie socialiste; et dans les milieux extrémistes, celui de révolution n'a toujours pas disparu.
Le socialisme, privé de toute idée politique consistante, est donc de l'ordre de la politique pure au sens de Carl Schmitt, la pure « politique politicienne », telle que l'appellent eux-mêmes les hommes politiques pour s'injurier les uns les autres: faire avancer ses amis au détriment de ses ennemis, sans considération aucune pour les moindres sujets moraux, économiques, ou autre, sinon comme moyen d'acquérir et conserver le pouvoir.
Le socialisme a donc deux modes d'existence. Le premier, c'est privé du pouvoir décisionnel principal, ou se gardant de l'utiliser, comme parasite d'une société non socialiste (capitaliste, despotique, religieuse, ou autre). Seul ce mode est stable, se nourrissant des forces vives de la nation, corrompant tout mouvement de progrès social, paralysant la vie politique en la polarisant autour de problématiques incohérentes. Le second, c'est quand la « révolution » a abouti à la prise de pouvoir absolu; il n'y a alors plus de contrepoids au socialisme, qui puisse l'empêcher de mettre à mal l'ensemble des structures sociales productives par sa gestion arbitraire. Bien vite, ils conduiront le pays à la ruine et la famine.
Si les « socialistes » au pouvoir ont teinté leur doctrine de quelque attachement à des valeurs traditionnelles de leur pays comme l'attachement à une idée libérale de la démocratie, ou à un fondamentalisme religieux, ils auront un prétexte pour laisser agir tacitement le bon sens économique lentement accumulé par l'expérience et inscrit dans les traditions admises par le dogme officiel; tout progrès sera freiné en proportion de l'emprise socialiste sur le pouvoir, mais au moins un statu quo économique pourra être atteint.
Mais s'ils sont radicalisés à l'extrême, s'ils refusent toute influence externe à la « révolution », alors ils n'auront de recours que de pressurer le peuple, de dépenser sans compter les ressources naturelles du pays, de trouver des boucs émissaires extérieurs et intérieurs pour assouvir leur idéologie de haine. Ils pourront alors se maintenir au pouvoir, compensant le déficit énorme de leur économie artificielle en puisant dans les ressources humaines et matérielles du pays; mais ces ressources ne sont pas inépuisables, même augmentées de l'aide complaisante des pays capitalistes; tôt ou tard, le pays, exsangue, vidé de toutes ses forces physiques et morales, ne pourra plus supporter un tel régime, et les socialistes devront en fin de compte infléchir leur politique. Après avoir essuyé les ruines et famines consécutives de leur gestion, les socialistes, s'ils ne se retirent pas, pourront finalement garder de la « dictature du prolétariat » la seule dictature, et permettre à l'économie de survivre voire prospérer grâce un marché plus ou moins libre (la NEP, l'ouverture chinoise ou cubaine).
L'un dans l'autre, que le socialisme ait le pouvoir ou non, ce sont les forces économiques libres d'agir malgré les doctrines socialistes qui permettent au pays de vivre; le socialisme les parasite et les exploite en raison du pouvoir qu'il possède, au détriment de l'ensemble de la société. Si le socialisme est à associer au progrès, c'est donc au même titre que le ver est à associer au fruit: c'est en effet dans les seuls pays où un certain niveau économique a été atteint que les socialistes peuvent mener leur propagande.
Ceux qui dans lesdits pays, relativement riches, donc, en viendraient à adopter les thèses socialistes, devraient bien se dire qu'en regardant au niveau mondial, ce sont eux, habitants même déshérités des pays riches, qui jouissent du capital accumulé par le pays, et exploitent les pays pauvres; qu'ils se disent que si la doctrine socialiste est vraie, et qu'un jour les gens vraiment pauvres doivent renverser les gens riches, ils feront partie des victimes; qu'ils se rendent comptent que le socialisme ne mène qu'à la destruction massive des richesses dont ils sont jaloux.
Il ne suffit pas d'avoir des bons sentiments, c'est avec la tête, non avec le cœur qu'il faut penser. Les sentiments socialistes affichés de générosité, ne sont d'ailleurs trop souvent que des façades servant à cacher la jalousie économique voire la haine de classe. Et combien même ils ne le sont (fort heureusement) pas toujours, pour reprendre une pique célèbre de VGE à Mitterand, « vous n'avez pas le monopole du cœur » MM. les socialistes. Vous n'avez celui que d'une doctrine économique complètement fausse et proportionnellement dangereuse.
L'erreur du socialisme est de croire que le progrès se décrète législativement. Or la loi ne peut que constater le progrès; sa plus grande ambition ne saurait être que de créer les conditions les plus favorables au progrès: la liberté, le respect des individus et de leur propriété, la bonne entente entre citoyens par delà toute catégorie professionnelle, sexuelle, ou ethnique.
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